Archéologie

Alep, du nouveau

Les vestiges du temple de Teshub mis au jour

Par Francesco Benedettucci · Le Journal des Arts

Le 8 juin 2001 - 514 mots

ALEP / SYRIE

À l’issue d’une campagne de fouilles, menée depuis 1997 à Alep par une mission syro-allemande, d’importants vestiges du temple de Teshub – le dieu de la tempête – ont été découverts. Ainsi est livré à l’étude des archéologues l’un des monuments les plus célèbres du Proche-Orient antique.

ALEP - Peu de cités au monde peuvent se vanter de posséder une histoire aussi longue et glorieuse qu’Alep, deuxième ville de Syrie. Dès le XVIIIe siècle avant J.-C., lorsqu’elle était la capitale du royaume de Yamkhad, et l’une des principales cités-États du monde syro-mésopotamien, elle est mentionnée dans les archives de Tell Atchana, l’ancienne Alalakh. Symbole de sa puissance, son acropole, qui correspond encore de nos jours à la citadelle moderne, dominait la plaine avoisinante dans un rayon d’au moins cinquante kilomètres. S’y trouvait l’un des monuments les plus célèbres du Proche-Orient antique, le temple du dieu de la tempête, Teshub-Hadad, honoré par l’envoi de dons du roi babylonien Hammourabi, à la fin du XVIIIe siècle av. J.-C. Considéré depuis longtemps comme perdu sous au moins quinze mètres de constructions successives, cet édifice extraordinaire a été mis au jour au cours de ces dernières années, à la suite des fouilles menées conjointement par la Syrie et l’Allemagne. Cette campagne, lancée en 1997 sous la direction du Musée archéologique d’Alep et de l’université de Berlin, a donné des résultats pour le moins spectaculaires. Déjà annoncée au premier congrès international d’archéologie orientale à Rome en 1998, la découverte revêt après les fouilles de l’an dernier un caractère plus exceptionnel encore. Ont été retrouvés non seulement les murs d’enceinte très épais de l’édifice et la très grande cella au sol parfaitement pavé, mais également, à l’intérieur de celle-ci, la niche qui abritait encore les soubassements des statues de Teshub et de sa parèdre, Khebat. Cependant, l’aspect le plus intéressant de la découverte vient de blocs orthostatiques, ornés de scènes représentant quelques-unes des principales divinités du panthéon syrien.

Similitudes avec le temple de l’acropole d’Ebla
Comme cela était coutume dans la région, ce sont les pierres mêmes du socle de l’édifice, et non pas les dalles de revêtement des parties basses des murs (comme dans les palais royaux du monde assyrien) qui ont été décorées vers les XIe et Xe siècles av. J.-C. avec des reliefs très raffinés. Elles présentent également certaines analogies dans le style et la typologie avec d’autres blocs orthostatiques provenant de sites archéologiques importants de la Syrie septentrionale comme Malatya, ’Ayn Dara, Karkemish et Zincirli-Sam’al. Le type architectural du monument semble également s’inscrire entièrement dans la tradition régionale, en offrant des similitudes avec l’ancien temple de l’acropole d’Ebla, toute proche, que l’on peut dater entre 2000 et 1800 av. J.-C., mais aussi avec d’autres édifices de sites connus de Syrie et de Palestine comme Alalakh, Ugarit, Hazor, Megiddo et Shechem, sans oublier Pella en Jordanie. Par ailleurs, il est un temple dont nous ne possédons aucun témoignage archéologique, mais seulement une description très détaillée dans le premier Livre des Rois, celui du roi Salomon : contemporain des décorations du temple de Teshub, il devait s’y apparenter.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°129 du 8 juin 2001, avec le titre suivant : Alep, du nouveau

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque