États-Unis - Musée

Le Rubin Museum de New York ferme ses espaces

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 8 février 2024 - 474 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Après avoir subi de nombreux revers, le musée d’art himalayen va vendre son bâtiment, mais ne cesse pas toute activité.

Le Rubin Museum of Art à New York. © Ajay Suresh, 2019, CC BY 2.0
Le Rubin Museum of Art à New York.

Le Rubin Museum of Art a annoncé mercredi 31 janvier sa décision de fermer son bâtiment de Manhattan en octobre prochain, presque vingt ans après son inauguration. Le musée compte perdurer, en développant des partenariats et des expositions.

Achetée en 1998 par Donald et Shelley Rubin, le bâtiment de 6 500 m² sera donc vendu et les bénéfices versés au fonds de soutien du musée. Cette fermeture entraînera une réduction d’environ 40 % de l’effectif du musée, l’équipe étant actuellement composée de soixante personnes. Jorrit Britschgi, le directeur du musée, avait déjà supprimé plus d’une vingtaine de postes en 2019 en raison d’une situation économique difficile. Au cours des dernières années, le musée avait été confronté à une baisse du nombre de visiteurs et surtout à plusieurs accusations de détention de reliques pillées.

Selon Jorrit Britschgi, « continuer à dépendre des sources de revenus traditionnelles comme la vente de billets et la location d’espaces n’était tout simplement plus viable ». Classiquement, il insiste sur le fait que cette fermeture n’est pas signe d’échec mais bien de renouveau : « dans notre nouvelle incarnation, nous redéfinissons ce que peut être un musée ». Pour Noah Dorksy, le président du conseil d’administration du musée, cette mutation en « musée sans murs » permettra « d’atteindre des publics beaucoup plus larges et diversifiés, de galvaniser la créativité et de défendre de nouveaux modes d’engagement ».

Certains chercheurs s’inquiètent de l’impact que cette fermeture pourrait avoir sur les recherches de provenance engagées par le musée, bien que le directeur assure que la restitution des œuvres d’art d’origine douteuse n’en sera pas affectée.

Erin Thompson, professeure au John Jay College of Criminal Justice de Manhattan, estime quant à elle que le statut d’organisme de bienfaisance du musée pourrait être remis en cause si le public ne dispose plus d’un accès régulier à la collection. Pour Jorrit Britschgi, cette préoccupation n’a pas lieu d’être : « nous continuons d’être un musée. Nous n’exploiterons plus notre propre espace mais la collection est au cœur de nos efforts ».

Ouverte au public en 2004, la collection du Rubin Museum est en grande partie composée d’œuvres bouddhistes du plateau tibétain. Elle comprend près de 4 000 œuvres d’art himalayennes, dont des peintures, sculptures, textiles et objets de culte datés du IIe siècle av. J.-C. à nos jours. Le musée est aussi célèbre pour sa salle du sanctuaire bouddhiste tibétain (inspiré d’un sanctuaire traditionnel). Il a également accueilli de nombreuses expositions temporaires, qui faisaient la part belle aux artistes contemporains inspirés par les cultures et traditions asiatiques.

Avant sa fermeture définitive, le bâtiment accueillera l’exposition « Reimagine: Himalayan Art Now » du 15 mars au 6 octobre 2024, qui présentera les œuvres de trente-deux artistes contemporains du Népal, du Tibet et du Bhoutan ainsi que de plusieurs artistes internationaux inspirés par l’art himalayen.

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