En publiant sa collection de masques himalayens, Marc Petit défriche un terrain méconnu. Jusqu’à présent, aucun ethnologue ou historien de l’art ne s’était aventuré à ce point dans le monde complexe des tribus Magar, Gurung, Tamang… Le regard et l’engagement d’un collectionneur.
Ce livre est celui d’un collectionneur privé, dont on sent à chaque page l’engagement et la passion. Poète, conteur et romancier, Marc Petit n’est ni spécialiste en histoire de l’art ni ethnologue. Fasciné par l’étrangeté de ces masques, sensible à leur plaisir esthétique, il a dépassé la simple séduction pour entreprendre des recherches afin de connaître leur origine ou leur fonction. Son ouvrage se distingue ainsi de celui d’un spécialiste en histoire de l’art ou d’un ethnologue rigoureux, car il fait son miel des différentes approches, avec ses forces et ses faiblesses, nécessairement, sur lesquelles ne manqueront pas de s’attarder les purs et durs des deux camps.
Notre auteur atypique s’avance sur des terres vierges. Comme il le relève, l’existence de ces masques est connue depuis une bonne vingtaine d’années ; mais jusqu’à présent, ceux-ci n’ont guère été identifiés collectivement comme l’ont été, depuis longtemps déjà, les créations des arts tribaux africains, océaniens et amérindiens. Il constate "l’absence de tout intérêt des orientalistes et des ethnologues" et l’explique par le fait qu’un art primitif himalayen dérangerait face aux "grandes" cultures développées à travers le bouddhisme ou l’hindouisme. Lui est "frappé par l’universalité de l’art primitif" et est "convaincu de l’existence de formes d’expression comparables un peu partout dans le monde".
Son parcours de collectionneur va à l’appui de cette thèse : son premier masque primitif, acheté dans le commerce parisien, est africain. En janvier 1981, dans une boutique de la rue Mazarine, se joue le grand tournant : un grand masque en bois, en forme de disque, à la bouche ouverte sur une parole ou un cri inaudibles, aux larges yeux évidés, le captive. Il se rend plusieurs fois au Népal où il acquiert les pièces aujourd’hui reproduites en pleine page et accompagnées d’explications, voire de conseils, prudents et empiriques, pour aborder un domaine très complexe. Marc Petit recommande de "sentir le masque" pour s’assurer que la patine est bien montagnarde. Si la patine "colle aux doigts ou s’écaille", le masque pourrait bien être un faux, comme "un masque léger à patine noire". L’ascension vers l’art primitif himalayen ne fait que commencer.
MARC PETIT, À MASQUE DÉCOUVERT, REGARDS SUR L’ART PRIMITIF DE L’HIMALAYA, ÉDITIONS STOCK/ALDINES, 288 P., 750 F.
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Plaidoyer pour l’art primitif de l’Himalaya
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Abonnez-vous dès 1 €MASQUE À VISAGE HUMAIN SCHÉMATISÉ, H. 23,5 CM, BOIS À PATINE BRUN-NOIR, NÉPAL, COLLINES OU MONTAGNES MOYENNES
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°22 du 1 février 1996, avec le titre suivant : Plaidoyer pour l’art primitif de l’Himalaya