Royaume-Uni - Unesco

Le port de Liverpool menacé de déclassement par l’Unesco

Par Charles Roumégou · lejournaldesarts.fr

Le 23 juin 2021 - 578 mots

LIVERPOOL / ROYAUME-UNI

La crainte que le site perde le précieux label en raison d’un vaste projet immobilier plane depuis 2012.

Port de Liverpool. © N. Johannes, 2018, CC BY-SA 4.0
Port de Liverpool.
© N. Johannes, 2018

Inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité en 2004, le port marchand de Liverpool est sous la menace d’une mesure de déclassement après la publication, le 21 juin dernier, d’un rapport du Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco. Ce rapport met en cause la poursuite d’un plan de réaménagement à grande échelle des anciens docks de la ville, haut lieu du commerce international et point de passage central dans les mouvements migratoires vers l’Amérique entre le XVIIIe et le XIXe siècle.

Évalué à hauteur de 5,5 milliards d’euros (6,9 milliards d’euros), le projet Liverpool Waters ambitionne la construction, le long du front de mer et à proximité du centre-ville historique bâti autour de l’estuaire de Mersey, d’un vaste complexe réunissant immeubles d’habitation, hôtels, terminal portuaire et stade de football. Débuté en 2018, le chantier de construction doit en principe s’achever fin 2022.

L’adoption du projet par le conseil municipal de Liverpool en mars 2012 avait entraîné, trois mois plus tard, le Comité de l’Unesco à inscrire le port de la ville sur la liste du Patrimoine mondial en péril afin de sensibiliser la communauté internationale sur les menaces pesant sur le site et inciter les autorités locales à prendre des mesures correctives, sans quoi le site serait probablement déclassé. À l’époque, l’organisation internationale jugeait que la mise en œuvre du Liverpool Waters conduirait à dégrader « le profil du site » en lui faisant perdre « sa valeur universelle exceptionnelle (VUE) ».

Près d’une décennie plus tard, sans « que l’État partie ne se soit conformé aux demandes réitérées du Comité », l’Unesco semble prête à mettre ses menaces à exécution. Elle estime que « les nouveaux aménagements à l’intérieur et autour du bien du patrimoine mondial ont entraîné une grave détérioration et une perte irréversible des attributs qui transmettent la VUE du bien, ainsi qu’une perte importante de son authenticité et de son intégrité », avant d’ajouter « le bien s’est détérioré jusqu’à perdre les caractéristiques qui avaient déterminé son inscription sur la liste du patrimoine mondial ». Elle conclut en recommandant le « retrait du port marchand de Liverpool de la liste du patrimoine mondial ».

La perspective de ce déclassement a suscité l’inquiétude de personnalités de la ville. Dans une lettre ouverte communiquée à la presse anglo-saxonne, dont le journal The Guardian a pu prendre connaissance, elles demandent à l’Unesco de ne pas retirer le port de la liste car, dans le cas contraire, la ville devrait faire une croix sur l’aide financière allouée chaque année par le Fonds du patrimoine mondial aux États parties.

Les signataires – parmi lesquels la nouvelle maire de Liverpool, des membres éminents du clergé, des anciens ministres ou encore les dirigeants des clubs de football d’Everton et de Liverpool; &ndash affirment que le site est aujourd’hui « dans un état bien supérieur à celui qui prévalait lorsque le statut a été accordé, et ce travail exige une nouvelle évaluation ». Ils ajoutent « Liverpool, qui est sous une nouvelle direction politique, a fait d’énormes progrès pour investir et améliorer son site du patrimoine mondial ».

Sur son compte Twitter, Joanne Anderson, élue maire de Liverpool en mai dernier, « demande au comité de différer [sa prise de décision] et de revoir le dossier au cours des douze prochains mois ». En principe, l’avenir du port de Liverpool et de son statut doit être scellé lors de la 44e session élargie du Comité du Patrimoine mondial, organisée du 16 au 31 juillet prochain.
 

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