PARIS
En replaçant la sculpture monumentale du XIXe siècle à l’entrée du parcours, le Musée des beaux-arts de la Ville de Paris permet à la galerie nord de retrouver sa destination originelle.
Paris. Après plusieurs mois de travaux de réaménagement, le Petit Palais a inauguré le 8 novembre sa nouvelle « galerie des sculptures » dans l’aile nord de l’édifice, l’occasion de remettre en valeur la sculpture monumentale dans le musée parisien. « Dès l’inauguration du musée en 1902, ce qui frappe la critique, ce sont les collections de sculpture. L’architecte Charles Girault conçoit les grandes galeries à éclairage latéral pour mettre en valeur la ronde-bosse », explique son directeur, Christophe Leribault. Mais dès les années 1930, ses sculptures sont mises en dépôt, pour faire place aux grandes expositions : le goût a changé.
Alors qu’un mouvement de réhabilitation de la sculpture du XIXe siècle s’engage dans les musées dès les années 1990, le Petit Palais ne ressort pas ses sculptures monumentales lors de sa réouverture en 2006.
Depuis son arrivée en 2013, Christophe Leribault réfléchit donc au réaménagement de cet espace, occupé depuis la réouverture du musée par des vitrines d’orfèvrerie et la boutique-librairie du musée. Après le transfert en 2017 de la concession de la librairie au niveau inférieur de l’édifice, la voie est libre pour un grand déploiement. Cécilie Champy-Vinas, conservatrice des sculptures au Petit Palais, et Christophe Leribault ont pu piocher dans les collections du musée et surtout dans le fonds d’un millier de plâtres de la Coarc (Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles de la Ville de Paris). Ils ont conçu un parcours autour de 31 pièces, évoquant l’incroyable foisonnement de styles et de manières à Paris en cette fin de XIXe siècle. Désormais, le Gloria Victis (1875) d’Antonin Mercié, installé dans le grand hall depuis la réouverture du musée, est rejoint par un « peuple de statues », modèles en plâtre et seuls témoignages des œuvres en bronze disparues pendant les fontes de l’Occupation. La « statuomanie » parisienne n’a alors pas de limite : statues patriotiques, animalières, historiques, mythologiques, réalistes…
Qui se souvient que le quartier de la Défense doit son nom à la statue d’Eugène Barrias, La Défense de Paris (1883) ? Son plâtre aux deux tiers d’exécution (1880) installé à l’entrée de la galerie donne, comme le Gloria Victis de Mercié, un air glorieux à la défaite de la France en 1871. Majestueuse et centrale, la pionnière du féminisme Maria Deraismes, du même Barrias (1898), contemple d’un air austère le visiteur qu’elle surplombe. Son modèle en bronze, installé dans le square des Épinettes (Paris-17e), était le point de ralliement pour des manifestations de défense du droit des femmes dans l’entre-deux-guerres, avant d’être fondu en 1942. Exceptionnellement, la statue a été refaite en 1983 à la demande d’associations féministes, et réinstallée dans le 17e arrondissement.
Chaque statue, choisie avec soin, raconte Paris et ses quartiers. Une table numérique replace astucieusement les œuvres dans la topographie parisienne. Au mur, Les Âges de la vie (1898) d’Eugène Carrière n’ont pas bougé : on redécouvre également ses quatre toiles puissantes et originales dans l’espace de l’ancienne boutique. L’évidence de la nouvelle scénographie ne fait plus aucun doute.
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Le Petit Palais redonne vie aux statues parisiennes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°511 du 16 novembre 2018, avec le titre suivant : Le Petit Palais redonne vie aux statues parisiennes