PARIS
Tout nouvellement restauré et modernisé, le musée du Petit Palais rouvre enfin ses portes après cinq ans de fermeture. Visant à retrouver le parti pris architectural originel, l’Atelier Chaix & Morel et associés a joué la carte de la transparence et de l’ouverture sur le jardin et sur l’extérieur. Plus que jamais, l’occasion est d’aller à la (re)découverte des trésors municipaux. Le Petit Palais offre au visiteur un parcours condensé de l’histoire des styles, certes non exhaustive mais qui en permet une première approche à l’appui d’œuvres, voire de chefs-d’œuvre, de très grande qualité.
Jadis appelé « Palais des beaux-arts de la Ville de Paris », le musée du Petit Palais n’a rien à jalouser à son vis-à-vis qui se dit « Grand ». Tous deux sont les brillants témoins, avec le pont Alexandre III, de l’Exposition universelle de 1900. Construit par Charles Girault entre 1897 et 1900, le Petit Palais fut transformé en 1902 par la Ville de Paris en un musée destiné à accueillir ses collections.
Depuis la Restauration, la Ville n’avait cessé de commander des décorations pour ses édifices publics et d’acheter des œuvres aux artistes dans les Salons pour soutenir la création artistique. Peintures, sculptures, tapisseries, estampes, médailles et objets d’art se déployaient dans l’Hôtel de Ville et autres établissements municipaux quand ils ne s’entassaient pas dans des dépôts inaccessibles au public. Si l’Exposition de 1900 fut l’occasion d’en montrer une partie, le bâtiment qui l’abritait s’avéra le lieu idéal d’une présentation permanente.
Un décor peint remarquable
De la grille d’entrée aux plafonds peints, le décor du Petit Palais offre une anthologie d’un art fin de siècle qui, s’il n’est pas absolument « nouveau », est d’une étonnante richesse iconographique. Ferronneries aux motifs floraux, mosaïques de pavement d’émail et d’or, vitraux de la rotonde d’entrée en verre blanc dits « américains » le disputent aux rondes-bosses, bas-reliefs et peintures plafonnantes qui occupent une place prépondérante.
En pierre, en plâtre et en zinc doré, figures allégoriques et bustes historiques ponctuent l’espace d’une architecture résolument « blanche » dont le décor peint au thème fédérateur de la Ville de Paris en célèbre l’histoire et la modernité. Traduit dans un « naturalisme rêveur », comme l’a souligné l’historien d’art Henri Focillon, ce décor est signé Besnard, Cormon, Roll, Humbert, Picard, Baudouin et Maurice Denis.
Dès son ouverture, le Petit Palais bénéficia d’une importante donation – celle des frères Dutuit – qui le renfloua d’un ensemble d’œuvres d’art ancien dont il était dépourvu. Rentiers et amateurs d’art, Eugène (1807-1886) et Auguste (1812-1902) Dutuit constituèrent au cours du xixe siècle une vaste collection comprenant plus de 20 000 œuvres allant de l’Antiquité égyptienne jusqu’à la fin du xviiie, dont un remarquable ensemble d’enluminures et de gravures.
Une vraie manne pour le Petit Palais en sa naissance d’autant que le geste des Dutuit fut suivi par d’autres. De dons en legs, le musée parisien s’est ainsi constitué une collection très éclectique. En peinture moderne, par exemple, grâce à Juliette Courbet, la sœur du peintre, ou au critique d’art Théodore Duret. En 1921, Edward Tuck et sa femme Julia Stell lèguent leur collection d’objets d’art décoratifs du XVIIIe.
Puis en 1930, c’est au tour de Jacques Zoubaloff avec sa collection de livres rares et précieux. Il y a peu encore, c’est la famille Landowski avec deux sculptures et un lot de 200 dessins de Paul Landowski ; c’est enfin Roger Cabal qui offre au Petit Palais sa collection d’icônes grecques et russes.
1897-1900 Construction du Petit Palais à l’occasion de l’Exposition universelle sous la direction de l’architecte Charles Girault.
1902 Transformé en musée sous le nom de Palais des beaux-arts de la Ville de Paris. Entrée de la collection des frères Dutuit constituée avant tout d’art ancien.
1921 L’homme d’affaires Edward Tuck fait un legs de quelque 300 objets d’art principalement du XVIIIe.
1973 Accueil de l’exposition organisée par la République populaire de Chine : « Trésors d’art chinois » au Petit Palais.
1998 Entrée d’une collection d’icônes grecques et russes offertes par Roger Cabal.
1999 L’Atelier d’architecture Chaix & Morel associés remporte le concours d’architecte lancé par la Ville de Paris.
2001 Fermeture du Petit Palais et début des travaux.
2005 Réouverture du musée au public le 10 décembre
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Un Petit Palais pour une grande collection
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°576 du 1 janvier 2006, avec le titre suivant : Un Petit Palais pour une grande collection