PARIS
PARIS [21.02.12] – Objets sous verre et suspendus, cartels épurés, dispositifs audiovisuels… La scénographie des nouveaux espaces d’exposition permanente de l’Institut du monde arabe (qui ouvrent au public le 21 février 2012) est chaleureuse comme un congélateur. Sur le fond, les collections ne se cantonnent plus aux arts islamiques.
« C’est une véritable révolution » aime à répéter Renaud Muselier, le nouveau président de L’Institut du monde arabe, histoire d’établir un parallèle avec les évènements qui agitent le Maghreb et le Moyen-Orient. Pour célébrer ses 25 ans, l’IMA s’offre un « nouveau » musée, fermé depuis trois ans. Avec au passage un changement de positionnement : il ne s’agit plus de célébrer les arts de l’islam mais les arts issus du monde arabe. Une reconfiguration qui s’imposait, avec l’ouverture prochaine du Pavillon d’art islamique du Louvre, qui dispose de moyens autrement plus conséquents.
C’est ainsi que l’exposition inaugurale, qui se déploie sur quatre niveaux, exhibe des statuettes « païennes » de l’antiquité grecque, des stèles chrétiennes, un étui à Thora et un exemplaire du Coran. « Le catholicisme (sic) est parti des pays arabes » souligne le président, « c’est une reconnaissance de notre passé commun par l’art et la culture ».
Les collections permanentes du l’IMA n’ayant jamais été bien fournies, Éric Delpont, leur directeur, a dû faire appel aux dépôts du Louvre, de la BNF et du Musée du quai Branly. L’instabilité actuelle dans les pays arabes n’a évidemment pas aidé au montage de l’exposition. Des promesses de prêt du Yémen n’ont ainsi pas pu être concrétisées.
La scénographie ultramoderne étonnera plus d’un visiteur. Ceux qui sont déjà allés à l’IMA seront à demi-surpris, mais les autres qui espéraient un « orient fantasmé » en seront pour leurs frais. Toutes les pièces sont présentées dans des caissons en verre et aluminium, dans une ambiance qui évoque plus une clinique qu’un souk. L’usage immodéré de dispositifs audiovisuels, dû à un partenariat inattendu avec la « prestigieuse » (sic) École du Fresnoy, contribue à aseptiser l’atmosphère. Il fallait bien sûr épouser l’architecture fonctionnelle de Jean Nouvel et l’on voit bien le refus du cliché de l’orient chamarré. Mais ce que l’on gagne en modernité perd en convivialité.
La réouverture du musée va-t-elle réveiller la « belle endormie » selon l’expression de Renaud Muselier ? Remis sur les rails par son prédécesseur Dominique Baudis, l’IMA doit faire face à ses problèmes structurels de financement. Subventionné à 60 % par la France et 40 % par les 22 États de la Ligue Arabe, il a toujours eu du mal à récupérer les fonds de plusieurs des États. Et le contexte actuel ne va pas arranger la trésorerie de l’Institut. « Nous devons faire des économies », explique son président, qui n’hésite pas à révéler qu’il ne perçoit aucune rémunération pour cette charge et a révoqué voiture et chauffeur, une façon de faire oublier les notes de frais élevées de son prédécesseur.
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Le nouveau musée ultramoderne de l’Institut du monde arabe
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