Cinéma - Musée

Le « Musée international du cinéma et du Festival de Cannes » prend forme

Par Lorraine Lebrun · Le Journal des Arts

Le 21 octobre 2020 - 736 mots

CANNES

Le projet, qui musarde depuis 2006, vient de franchir une étape importante, avec l’entrée en lice d’Universcience.

Le Palais des Festivals à Cannes. © Semec-Fabre
Le Palais des Festivals à Cannes.
© Semec-Fabre

Cannes (Alpes-Maritimes). La ville du cinéma dépourvue de musée consacré au 7e art ? David Lisnard, le maire (LR) de Cannes, entend bien combler cette lacune avant la fin de son second mandat et concrétiser un projet en discussion depuis plus de quinze ans. À l’issue d’un marché public d’un montant de 620 000 euros HT, le groupement d’entreprises piloté par Universcience a été mandaté par la municipalité pour l’aider à préciser son concept. « Nous recherchions une équipe pluridisciplinaire, avec des compétences tant en matière d’ingénierie culturelle, de muséographie, scénographie, production audiovisuelle, programmation architecturale, que d’ingénierie financière et juridique, pour bien affiner le projet et le rendre tout à fait opérationnel », explique Thierry Migoule, directeur de cabinet du maire de Cannes, au Journal des Arts.

« Il ne s’agira pas de réaliser le musée lui-même, mais d’accompagner la Mairie dans la définition générale et les grandes orientations du projet – organisation, fonctionnement et contenus – puis, en option, d’approfondir celles-ci et d’analyser les propositions des architectes, scénographes et producteurs de contenus qui répondront aux appels d’offres de travaux », précise Pierre Reinisch, responsable des projets hors les murs d’Universcience.

Le budget, estimé à 200 millions d’euros, nécessitera un financement public de la part de l’État et des collectivités locales, mais le Centre national du cinéma, le Festival et les entreprises audiovisuelles françaises et internationales devraient également être sollicités. Avec une fréquentation évaluée à 500 000 visiteurs par an, le futur musée doit offrir à la ville un lieu d’exposition permanent sur le cinéma et le célèbre festival qu’elle accueille depuis soixante-douze ans. Mais pas seulement. Outre 5 000 mètres carrés dévolus à l’histoire du cinéma mondial, l’espace consacré au Festival (dont une documentation accessible aux chercheurs), des salles de conférence et de projection et l’espace affecté aux entreprises, le musée devrait accueillir « le futur temple des effets spéciaux et des nouvelles technologies ».

« Ce projet ne peut avoir lieu qu’à Cannes »

« Le “musée international du cinéma et du Festival de Cannes” sera un lieu unique qui intéressera les enfants et les familles, indique Thierry Migoule. Comme à la Cité des sciences [à Paris], nous voulons une approche ludo-éducative, immersive et inédite. Quand les familles entreront dans la partie effets spéciaux, ça sera très interactif et ludique. Les visiteurs vont participer et devenir ainsi véritablement “acteurs”. » Or, pour ce genre d’exposition à destination du public jeune et familial, Universcience a démontré son savoir-faire. La Cité des sciences a organisé en 2017-2018 l’exposition « Effets spéciaux, crevez l’écran ! », laquelle a été visitée par un certain… David Lisnard. « Plus qu’un musée, ce sera un lieu de vie et d’échange culturel, ajoute Thierry Migoule. L’idée est de faire un grand équipement, tel le Centre Pompidou à Paris. Un espace dédié au cinéma manque à l’échelle nationale. Et comme Cannes est la ville mondiale du cinéma, ce projet ne peut avoir lieu qu’à Cannes. »

La municipalité ne cache pas son ambition pour le futur musée, qu’elle désire inscrire sur un plan national, mais surtout international. « Le musée renforcera la dimension internationale de Cannes. Notre musée devra être à la hauteur des autres musées internationaux, comme Turin, New York, Londres ou Berlin, mais devra aussi s’en démarquer. »

À l’image du Guggenheim de Bilbao, la Ville veut « une enveloppe qui soit une belle signature architecturale », dans la lignée de ce qui a déjà été engagé pour le multiplexe réalisé par Rudy Ricciotti. « Pour nous, le projet participe d’une approche globale pour le territoire : palais des festivals et des congrès, université autour des métiers de l’écriture, multiplexe cinématographique, studios de cinéma et accueil d’un grand de la logistique événementielle, studios de postproduction… » Ces équipements s’inscrivent dans le plan d’action « Cannes on Air », mis en place afin de diversifier l’offre autour de la filière audiovisuelle.

Deux terrains sont aujourd’hui à l’étude pour le futur musée : un ancien parking de 2 ha situé avenue Picaud et une friche industrielle de 5,7 ha à La Bocca. Le choix dépendra des préconisations d’Universcience, mais aussi d’une volonté politique et territoriale dans cette ville où la fracture sociale est une réalité.

Cet espace permanent viendra à terme remplacer le Musée éphémère du cinéma, que la municipalité organise chaque été depuis 2015 au palais des festivals. Les travaux devraient commencer à l’horizon 2022, avec une ouverture prévue à l’occasion du Festival de Cannes 2025.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°553 du 16 octobre 2020, avec le titre suivant : Le « Musée international du cinéma et du Festival de Cannes » prend forme

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