PARIS
Programmation en saisons, mini-antennes en régions, plan de rénovation…, le Musée national des arts asiatiques est décidé à trouver sa vraie place.
Paris. Arrivée à mi-parcours de son premier mandat, Yannick Lintz a engagé l’établissement public dans plusieurs chantiers afin de donner au Musée national des arts asiatiques-Guimet un rayonnement qui lui fait aujourd’hui défaut. Avec 250 000 visiteurs en 2023, le musée retrouve à peine sa fréquentation d’avant Covid, laquelle n’avait cessé de s’étioler depuis la réouverture en 2001 : il a perdu 130 000 visiteurs en dix ans. Pour sa présidente, le musée souffre d’un problème de notoriété, y compris à Paris, « alors qu’en Asie il est très connu et reconnu », explique-t-elle lors d’un point de presse. L’une de ses premières mesures a été de donner plus de lisibilité à sa programmation, une pierre dans le jardin de sa prédécesseuse Sophie Makariou. Elle a structuré les prochaines années en saison par pays : la Chine évidemment en 2024, en raison de la célébration de l’anniversaire des 60 ans de l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, puis viendront la Corée en 2026 et l’Inde en 2028.
Pour cette Année franco-chinoise du tourisme culturel, Yannick Lintz a fait d’une pierre trois coups en confiant à l’artiste et designeuse franco-chinoise Jiang Qiong Er le soin de marquer l’événement – des installations se sont emparées du musée, à commencer par sa façade. Une commande qui tombe bien pour celle qui se dit : « obsédée par la laideur de la place d’Iéna [où est installé le musée] et la banalité du bâtiment [construit par Émile Guimet en 1889]) ». Les sculptures lovées dans des voiles de tulle rouge occupant toutes les fenêtres de la façade ne peuvent échapper aux passants [voir ill.]. Œuvrant aussi dans le luxe, Jiang Qiong Er est directrice artistique d’une filiale d’Hermès en Chine ; elle a pu trouver à Shanghaï les 2,5 millions d’euros nécessaires au financement des installations qui resteront près d’un an. Shangaï où des pistes sont à l’étude pour une antenne du musée.
En attendant Shanghaï, c’est en France que le musée entend déployer ses « Guimet + ». Ce ne sera pas – pour l’instant – à Lyon où la municipalité est très partagée sur le devenir du premier musée d’Émile Guimet (construit en 1879), qui a longtemps abrité un musée d’histoire naturelle avant d’être fermé il y a dix-sept ans. Mais, d’ici à la fin de l’année, le Musée d’art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et la Maison Alexandra David-Neel à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) accueilleront pendant quatre ans un ensemble d’œuvres scénographiées, sans contrepartie financière. Yaninck Lintz voudrait impulser cinq à six « Guimet + » chaque année.
Elle voudrait aussi lancer un plan de rénovation du site principal et de ses deux annexes. Elle va notamment transformer l’hôtel d’Heidelbach, situé à quelques mètres du musée, en centre de ressources et restructurer le Musée d’Ennery (avenue Foch) après avoir trouvé une solution pour le musée arménien qui en occupe le rez-de-chaussée. Le coût total des travaux n’a pas encore été chiffré, mais il avoisinerait 50 à 70 millions d’euros. Une première enveloppe de 3 millions d’euros a été ouverte pour 2024, portant la dotation globale de l’État à 8,5 millions d’euros, auxquels s’ajoutent des ressources propres (billetterie, mécénat, privations) estimées entre 2 et 4 milllions d’euros.
Signe qu’il y a encore du chemin à parcourir, le président chinois, Xi Jinping, ne s’est jamais rendu au Musée Guimet lors de ses précédentes visites en France, et pas plus lors de sa toute récente visite en France.
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Le Musée Guimet en quête de rayonnement
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Le Musée Guimet en quête de rayonnement