Elle remplace Sophie Makariou dont la nouvelle affectation n’a pas encore été annoncée.
Paris.« Qui connaît le Musée Guimet en dehors des amateurs parisiens ? » C’est avec cette affirmation rude, mais non dénuée de fondement, que la directrice du département des Arts de l’Islam au Louvre a sans doute convaincu Rima Abdul Malak de lui confier les commandes du musée national d’art asiatique, en juillet dernier lors de son entretien d’embauche. Sa candidature s’est imposée d’elle-même au point qu’Emmanuel Macron n’a pas eu besoin de la rencontrer, la connaissant déjà un peu.
D’ailleurs, tout le monde connaît Yannick Lintz à la personnalité énergique, directe et bienveillante. Cette littéraire de formation, devenue conservatrice à 27 ans, a un bon karma pour diriger à 58 ans un grand établissement culturel. N’a-t-elle pas démarré sa carrière muséale en dirigeant le Musée des beaux-arts d’Agen ? Elle est aussi très à l’aise dans les arcanes du pouvoir, ayant conseillé Jack Lang lorsque ce dernier était ministre de l’Éducation nationale. Au Louvre, qu’elle rejoint en 2004, elle exerce diverses missions avant de prendre, en 2013, la direction du département des Arts de l’Islam, succédant (déjà) à Sophie Makariou qui a créé le département. Elle entre en pleine lumière avec l’organisation, en début d’année, d’un ensemble de dix-huit expositions dans dix-huit villes de France sur les arts islamiques. La saison « Arts de l’Islam, un passé pour un présent » arrive à point nommé dans un contexte peu favorable à l’islam.
Cette manifestation est un peu ce qu’elle a en tête pour donner une nouvelle dynamique au Musée Guimet : être une tête de pont pour mieux mettre en valeur les collections d’art asiatique très nombreuses partout en France, mais peu valorisées. Vingt ans après la grande rénovation du musée (rouvert en janvier 2001), la nouvelle directrice pense que c’est le bon moment pour « changer de braquet » malgré les contraintes qui pèsent sur l’établissement public. Comme pour la plupart des musées parisiens, le Musée Guimet a été très affecté par la pandémie et la fréquentation en 2021 (105 000 visiteurs) reste très inférieure à ce qu’elle était en 2019 (250 000), déjà modeste pour un opérateur de cette envergure.
La configuration des lieux n’est pas simple. Le site principal construit en 1889 par Émile Guimet n’est pas en très bon état, et la liaison avec l’hôtel d’Heidelbach à quelques mètres de la place d’Iéna n’est pas commode. Sans parler du Musée d’Ennery, avenue Foch, fermé. Yannick Lintz voudrait refondre le parcours, améliorer la médiation et créer des liens – qui n’existent pas – avec les grands collectionneurs en Asie, afin de trouver de nouvelles sources de financement. L’État n’est en effet pas très généreux avec le musée, ne lui accordant que 5,7 millions d’euros (contre 24 M€ au Quai Branly).
Dans l’immédiat, Yannick Lintz doit trouver un administrateur général et rencontrer les équipes. Elle s’est préparée à ce long marathon de trois fois trois ans (si elle est reconduite) en faisant du sport (presque) tous les jours.
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Yannick Lintz à la tête du Musée Guimet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°598 du 4 novembre 2022, avec le titre suivant : Yannick Lintz à la tête du Musée Guimet