ALEXANDRIE / ÉGYPTE
Le musée qui présente des collections témoignant du croisement des civilisations à Alexandrie, était en travaux depuis 2005.
Le Musée gréco-romain d’Alexandrie, l’un des plus anciens et des plus importants musées d’Égypte, a rouvert ses portes le 11 octobre, après 18 ans de fermeture pour des travaux de rénovation et de restauration. Ce musée retrace l’histoire culturelle d’Alexandrie, une ville où se sont croisées et mélangées les civilisations égyptienne, grecque, romaine, copte et byzantine.
Inspiré de l’architecture des temples grecs, le musée a été fondé en 1891 par l’archéologue italien Giuseppe Botti. Inauguré pour la première fois le 26 septembre 1895 par le khédive Abbas Helmi, le Musée gréco-romain ferme ses portes pour rénovation plus d’un siècle plus tard, en 2005. Le projet a débuté en 2009, mais a été interrompu faute de financements en 2011. Les travaux ont repris en 2018 et se sont achevés en 2023, permettant ainsi sa réouverture.
Le musée abrite environ 6 000 objets exposés sur deux niveaux, selon un ordre chronologique ou thématique. Au rez-de-chaussée, les visiteurs peuvent ainsi admirer les 27 salles couvrant une période allant de l’époque pré-alexandrine (Ve siècle avant J.-C) à l’époque byzantine (VIe siècle après J.-C). Le premier étage se décline, quant à lui, en plusieurs thèmes : le Nil, l’Agora, la Terre Rouge, l’industrie et le commerce, les pièces de monnaie, l’art alexandrin, les sculptures alexandrines, le quartier de Bubasti, les catacombes de Kom el-Shoqafa et ses environs.
Les 6 000 pièces exposées mettent ainsi en évidence le mélange intellectuel et artistique entre les différentes cultures qui se sont installées en Alexandrie. Les thèmes abordent des sujets tels que la vie politique à l’époque ptolémaïque et romaine, la société d’Alexandrie, la religion et le culte dans les époques grecques et romaines. Par ailleurs, le musée explore l’évolution des pratiques funéraires dans les époques grecques et romaines à travers des momies, des amulettes, des vases canopes, des stèles funéraires, des portraits du Fayoum et des cercueils représentatifs des différentes époques d’Alexandrie en particulier et de l’Egypte en général. L’art byzantin et copte est aussi mis en valeur via des vestiges architecturaux distinctifs tels que les frises, les décorations de plafond, les bases de colonnes, les chapiteaux, les tapisseries et les monnaies.
La réhabilitation du Musée gréco-romain d’Alexandrie est l’un des plus importants projets de restauration en Egypte (3). Avec un coût de 567 millions de livres égyptiennes (L.E), soit environ 17,4 millions d’euros, les travaux ont permis de restaurer les anciens murs et la façade classique du musée, ainsi que de développer les systèmes d’éclairage et de sécurité. De plus, une salle supplémentaire au rez-de-chaussée, la gypsothèque, a été ouverte pour conserver les reproductions en plâtre des antiquités. Le musée comprend également un département éducatif, des archives muséales, une bibliothèque de livres rares, des magasins et des ateliers de restaurations.
Plusieurs pièces historiques ont été restaurées, impliquant de nombreux défis, notamment liés au déplacement complexe des œuvres. Par exemple, le temple de Sobek a été reconstitué à l’intérieur du musée, tandis que le colosse du Patio, autrement dit « la place de la Reine », une statue d’une reine ptolémaïque pesant près de 25 tonnes et mesurant 11 mètres de hauteur, a dû être déplacée afin de restaurer son piédestal – l’original ayant disparu.