Musée

Le musée des Sables d’Olonne de générations en générations

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 473 mots

SABLES D’OLONNE

Le Musée municipal de l’Abbaye Sainte-Croix a été créé en 1962, dans des locaux qui faisaient jusque-là office d’hôpital militaire, après avoir abrité un séminaire, un collège et une caserne.

Successivement dirigé par Pierre Chaigneau, Claude Fournet, Henry-Claude Cousseau, Didier Semin, et, depuis 1989, par Didier Ottinger, sa collection est à la fois modeste et exemplaire. Compte tenu des moyens qui étaient les siens, la municipalité a, dès le départ, fait le choix de l’art contemporain. On n’y décèle aucune prétention exhaustive, mais on peut en revanche repérer une série de parti pris qui ont fini, les années passant, par faire bon ménage.

Le premier point fort est sans aucun doute l’ensemble, le plus important en France, d’une cinquantaine de peintures de Victor Brauner. Non moins considérable, le fonds Gaston Chaissac a également bénéficié de nombreux dons de la famille. La création des FRAM (Fonds régionaux d’acquisition des musées) a permi de constituer ces deux points forts qui contribuent à forger l’identité du musée. Les artistes du groupe Support Surface y sont bien représentés, et parmi les plus jeunes, Combas, Favier, Vilmouth reflètent les choix de Didier Semin. "Les conservateurs, remarque Didier Ottinger, affirment ici les valeurs de leur génération. Il y a une sorte d’enregistrement naturel des mouvements et des engagements sucessifs".

Avec un budget global de 700 000 F (dont 200 000 F pour les acquisitions) le Musée fait figure de parent pauvre, quand on sait qu’aucun des centres d’art créés depuis une dizaine d’années n’a une enveloppe inférieure à un million de francs. Difficile, dans ces conditions, d’acquérir des œuvres de premier plan ou de monter des expositions spectaculaires. Didier Ottinger, issu de la première promotion de l’Ecole du patrimoine, a bien pris la mesure de ces contraintes. Mais il souligne que cette modestie et l’isolement géographique offrent en fait une plus grande liberté d’action. Avec un style bien à lui, Didier Ottinger tente de sortir des sentiers battus des expositions monographiques. Depuis cinq ans, il tente de bâtir une programmation cohérente, avec des expositions comme Georges Bataille, Les Picto­graphes ou Haptisch, la caresse de l’œil l’été dernier, qui ont proposé de rigoureuses analyses sur le statut actuel de l’image.

Après l’exposition Max Beckmann, il présentera des digressions autour du thème de la viande et de la chair, de David d’Angers à nos jours. "La pratique de l’art contemporain, dit encore Didier Ottinger, est beaucoup plus une tournure d’esprit qu’un intérêt pour ce qui est spécifiquement contemporain."

La collection des Cahiers du musée reflète parfaitement cette orientation. A mi-chemin entre le catalogue et la revue, ils sont l’outil d’une réflexion approfondie sur les questions – parfois abruptes – que pose l’art contemporain. Un accord de partenariat avec la Réunion des musées nationaux, passé pour la première fois à l’occasion de l’exposition Beckmann, donnera à ces éditions la diffusion qu’elles méritent.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Le musée des Sables d’Olonne de générations en générations

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