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PATRIMOINE CULTUREL

Le Musée de l’Éventail sauvé par le musée de Méru, dans l’Oise

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2023 - 739 mots

Les collections du petit musée parisien, en difficulté, ont été rachetées par le Musée de la nacre et de la tabletterie qui entend se redévelopper à cette occasion.

Le Musée de l'Éventail à Paris. © Franck Boucourt.
Le Musée de l'Éventail à Paris avant son déménagement à Méru dans l'Oise.
© Franck Boucourt

Paris. Pour Anne Hoguet, « il fallait tenir » : l’éventailliste n’a jamais perdu l’espoir de trouver un repreneur pour sa collection d’éventails et son fonds d’atelier. Parce qu’elle était endettée auprès de son bailleur, son patrimoine était menacé de saisie, avec un risque de dispersion de la précieuse collection qui réunit le fonds de quatre générations d’artisans. Présentée au sein du petit musée-atelier privé, également logement, au troisième étage d’un immeuble du boulevard de Strasbourg (Paris-10e), la collection va quitter la capitale pour rejoindre Méru, petite ville de l’Oise, où elle sera présentée au sein du Musée de la nacre et de la tabletterie. Un dénouement inespéré venu de la région d’origine d’Anne Hoguet : « Mes arrière-grands-parents étaient tabletiers près de Méru. On ferme la boucle ! »

La communauté de communes des Sablons, propriétaire du Musée de la nacre, a investi 1 150 000 euros dans l’achat de l’ensemble, comprenant la collection encyclopédique d’éventails, les fonds d’atelier ainsi que le mobilier, dont un meuble de boutique néogothique en noyer, classé au titre des monuments historiques en 2004.

Pour le musée picard, l’idée est de reconstituer l’atelier-boutique de la famille Hoguet à 60 kilomètres des grands boulevards parisiens, le plus fidèlement possible, jusqu’à estamper les plafonds en stuc et déposer les papiers peints anciens avec le concours d’une conservatrice-restauratrice. « Ce que j’aimerais, c’est que les visiteurs puissent ressentir ce que j’ai ressenti en y entrant », explique Nathalie Ravier, maire de Méru et présidente de la communauté de communes.

Un lien logique avec la tabletterie

L’élue locale souligne la logique à l’œuvre derrière cette acquisition, qui lui a permis d’emporter l’adhésion des maires de la communauté de communes comme celles du Département, de la Région et des parlementaires. « Le lien avec la tabletterie est évident [les brins d’un éventail relèvent du travail de la tabletterie], pour ce patrimoine c’est un retour au bercail ! » La cohérence de cet achat, au sein d’un musée qui valorise l’histoire artisanale locale, a également permis de convaincre les services de l’État : celui-ci finance 40 % de l’acquisition, au titre du Fonds national du patrimoine culturel, signalant ainsi l’importance du fonds conservé au Musée de l’éventail.

Construire une extension

Pour le Musée de la nacre et de la tabletterie, l’arrivée de cette collection parisienne représente une opportunité de développement, alors que le lieu fêtera ses 25 ans l’année prochaine. « Il n’y a aucun musée public qui est consacré au sujet, seulement le “Fan Museum” privé à Londres. Et nous irons du matériau brut jusqu’à la vente », précise le directeur du musée, Florentin Gobier. La présidente de l’intercommunalité nourrit de grandes ambitions : « Il y a un intérêt pour nous dans cette acquisition, elle nous amène à agrandir le musée et à l’élever à un niveau européen. » Pour l’heure, l’espace du musée de Méru ne permet pas de recréer l’atelier d’Anne Hoguet en son sein : une extension est nécessaire. Le projet scientifique et culturel, qui devrait être achevé d’ici à la fin de l’année, et des études de programmation lancées en 2024 dessineront les contours de ce futur chantier d’envergure pour la commune de 14 000 habitants. Une dizaine de millions d’euros seront à budgéter pour cette refonte du musée.

Mais le chantier qui occupe les équipes du musée actuellement est le déménagement « colossal » du contenu de l’appartement, ainsi que l’identification des collections avec l’aide d’Anne Hoguet. « On identifie toutes les pièces avec elle. Évidemment elle n’a rien écrit, comme tous les artisans », explique le directeur du musée. Avec quelque 20 000 items, répartis dans 700 cartons, c’est un vrai chantier de collection qui est mené depuis plusieurs mois dans le petit appartement-atelier-musée du 10e arrondissement. « Il faut imaginer qu’on ne rentrait pas dedans, indique Florentin Gobier devant l’ancienne cuisine de l’atelier. Il a fallu sept jours et quatre personnes pour vider la pièce ! » Au mois de juillet, les collections auront intégralement intégré leur nouvelle destination : un soulagement pour Anne Hoguet, non sans une pointe de nostalgie en voyant se vider l’atelier qu’elle occupe depuis ses 14 ans. « Mon rêve aurait été d’en garder une petite partie à Paris ! », souffle-t-elle. L’ambiance de l’atelier sera en tout cas bientôt restituée à Méru : « On ne veut pas quelque chose de trop muséographique », assure le directeur du musée.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : Le Musée de l’Éventail sauvé par le musée de Méru, dans l’Oise

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