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Le musée de Boulogne va recevoir une précieuse donation de la communauté sugpiaq

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 8 septembre 2015 - 524 mots

BOULOGNE-SUR-MER

BOULOGNE-SUR-MER (NORD-PAS-DE-CALAIS) [08.09.15] – Le Musée de Boulogne-sur-Mer, qui possède déjà la plus importante collection au monde de masques sugpiaq, recevra en 2016 une donation d’une cinquantaine d’œuvres d’artistes autochtones contemporains, pour célébrer les 10 ans de leur partenariat.

L’importante collection de masques d’Alaska du Musée de Boulogne-sur-Mer va bientôt s’enrichir d’une cinquantaine d’œuvres supplémentaires. La Voix du Nord rapporte en effet que le musée devrait recevoir l’année prochaine un don majeur de la communauté sugpiaq (île de Kodiak).

L’année 2016 marquera le 10e anniversaire du partenariat entre la corporation Koniag, qui gère les droits des autochtones, l’Alutiiq Museum et le Musée de Boulogne-sur-Mer. Plusieurs manifestations sont prévues entre juin et novembre, mais aussi un don d’une cinquantaine d’œuvres signées d’artistes autochtones alaskiens renommés, qui fera lui aussi l’objet d’une exposition temporaire. La Ville a d’ores et déjà déposé un dossier auprès du ministère de la Culture pour obtenir le label « exposition d’intérêt national ».

La collection de masques sugpiaq du Musée de Boulogne-sur-Mer est exceptionnelle : il reste en effet seulement 120 masques de ce genre dans le monde, et 70 d’entre eux se trouvent à Boulogne. Les autres masques subsistant se trouvent au Musée du Quai Branly, au Musée national de Finlande, au Kunstkamera de Saint-Pétersbourg et au Smithsonian Museum de Washington.

On doit ce trésor à Alphonse Pinart, un explorateur et collectionneur originaire de Marquise (Pas-de-Calais). Au printemps 1871 il part pour l’Alaska, en quête des preuves linguistiques du peuplement asiatique de l’Amérique, à un moment charnière pour les peuples autochtones : les colons Russes se retirent peu à peu et les Américains, qui leur ont acheté l'Alaska en 1867, ne sont pas encore totalement implantés. Le jeune explorateur s’installe six mois à Kodiak, parmi les sugpiaq. Les liens qu’il noue avec les autochtones lui permettent d’obtenir des informations sur les festivals d’hiver pour lesquels étaient fabriqués les masques qu’il collecte, ces derniers étant normalement détruits à la fin des cérémonies. A son retour en France en 1875, il dépose l’ensemble au Musée de Boulogne-sur-Mer. Comme peu de masques subsistent aujourd'hui en Alaska, ceux de Boulogne sont primordiaux pour la connaissance de la culture sugpiaq passée.

Le partenariat qui lie l’Alutiiq Museum de Kodiak et le Musée de Boulogne-sur-Mer a donc pour objectif de développer les recherches et les échanges d'objets entre les deux musées par l’organisation d’expositions, d’échanges scientifiques et de voyages d’artistes. Dès le début des années 2000, Sven D. Haakanson, directeur de l’Alutiiq Museum, avait exprimé son désir de faire revenir les masques sugpiaq dans leur lieu d’origine le temps d’une exposition, le Musée de Kodiak ne possédant aucun exemplaire de ces masques. Suite à la venue en France en juin 2006 de neuf artistes sugpiaq, le Musée de Boulogne a accepté de prêter une trentaine de masques à Kodiak puis à Anchorage pour une durée de huit mois, pour l’exposition « Giinaquq » en 2008-2009, qui a scellé le début d’un partenariat fructueux. En 2012, deux masques de la collection Alphonse Pinart ont également été prêtés à l’Alutiiq Museum, et seront remplacés en 2017 par deux autres masques prêtés eux-aussi pour une durée de cinq ans.

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Le Château-Musée de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). © Photo Velvet - 2011- Licence CC BY-SA 3.0

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