LOS ANGELES / ETATS-UNIS
LOS ANGELES (ETATS-UNIS) [15.01.10] – Un juge italien doit se prononcer sur l'acquisition douteuse d'un bronze antique par le Getty Museum en 1976. Le Los Angeles Times vient de révéler des documents montrant que les responsables du musée avaient, à l'époque, de sérieux doutes sur la légalité de l'achat. Une information qui pourrait peser dans le jugement.
Le Getty Museum a-t-il agi de bonne foi en achetant un bronze antique en 1976 pour 4 millions de dollars à un marchand munichois ? Le bronze, une sculpture d'homme grandeur nature, est une des pièces maitresse de la Villa Getty, sur les hauteurs de Pacific Palisades.
Selon le Los Angeles Times, Maurizio Fiorilli, procureur italien, pense le contraire et soutient que les responsables du musée savaient pertinemment que le bronze était sorti illégalement d'Italie en 1964, après sa découverte par des pêcheurs dans les eaux internationales. Il semble maintenant admis, sans que la justice ait pu en apporter la preuve, que les pêcheurs n'ont pas déclaré la découverte, et ont vendu la sculpture à des intermédiaires qui ont fait sortir le bronze hors d'Italie, en toute illégalité.
En 1972, la statue refait surface dans la galerie d'un marchand d'art de Munich. L'Italie ne réclame pas l'œuvre, puisqu'elle n'a pas connaissance de sa provenance. J. Paul Getty, le milliardaire fondateur du musée, souhaite acquérir l'œuvre en partenariat avec le Metropolitan Museum. A ce moment-là, le chef du département des antiquités du MET alerte son directeur sur une possible réclamation ultérieure de l'Italie, puisque le bronze, s'il n'est officiellement pas sortir illégalement du pays, n'en est pas sorti légalement non plus.
Les tractations se prolongeant, l'Italie prend connaissance de l'existence du bronze et réclame en 1974 la saisie de l'antiquité à l'Allemagne, qui refuse. En 1977, le Getty Museum acquiert la pièce pour 4 millions de dollars, et la nomme le « Getty Bronze » en hommage au milliardaire mort un an auparavant.
Selon un courrier révélé par le Los Angeles Times, un conseiller du Getty aurait fait mention dans sa correspondance avec le directeur du musée d'un « crime » en parlant de la sculpture. La lettre est datée de 1976, avant que le musée n'achète la pièce. Le procureur italien a fait savoir au journal qu'il utiliserait cette lettre dans son réquisitoire.
Dans la commune italienne de Fano, au large de laquelle les pêcheurs ont sorti des eaux l'antiquité, la décision du juge est attendue avec impatience. La sculpture y est connue sous le nom de « L'Athlète de Fano », une reproduction grandeur nature trônant à l'entrée du port. Depuis des années, les habitants réclament le retour de l'œuvre.
Rien n'est certain dans cette affaire : tous les protagonistes sont morts, et l'œuvre a été repêchée dans les eaux internationales. Même si le juge italien se prononce sur une saisie du bronze, il est peu probable que le gouvernement américain fasse appliquer une décision de justice italienne. Surtout que le Getty Bronze est devenu une des pièces phares de la Villa Getty, bénéficiant de sa propre salle au climat contrôlé. Mais le Getty Museum va avoir du mal à persuader la cour italienne que les responsables du musée de l'époque ont tout fait pour clarifier la provenance de l'œuvre avant son achat.
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Le Getty Museum toujours en procès en Italie à cause d'un bronze acheté en 1976
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