À l’issue d’un chantier de dix ans, le passage protégé, couvert et surélevé emprunté par les Médicis pour relier la galerie des Offices au Palazzo Pitti est de nouveau accessible.
Florence (Italie). C’est le couloir le plus connu de l’Histoire de l’art. Mesurant un peu moins d’un kilomètre, le Corridoio Vasariano unit la galerie des Offices au Palazzo Pitti. Comme son nom l’indique, on doit sa conception à l’architecte Giorgio Vasari qui répondit en six mois à peine en 1565 aux exigences du duc Cosme 1er de Toscane. En pleine période de troubles, le fossoyeur de la République de Florence avait besoin de pouvoir se déplacer en toute sécurité et à l’abri des regards indiscrets du Palazzo Vecchio, siège du pouvoir, au Palazzo Pitti, sa résidence privée. Les Médicis pouvaient ainsi voir la ville qu’ils dominaient sans être vus. Ils pouvaient aussi admirer les plus de 200 autoportraits de leur collection – accrochés dans ce tunnel aérien au-dessus de l’Arno – transformée ainsi en galerie d’art. Fermé depuis 2016 pour des motifs de sécurité et pour lancer un vaste chantier de restauration, le tunnel n’avait pas été rénové depuis les années 1990.
Le coût total des travaux, qui ont commencé en 2022 pour s’achever ces dernières semaines, s’est élevé à environ 10 millions d’euros. Il faut ajouter un million de dollars offerts en 2023 par l’entrepreneur américain Raymond « Skip » Avansino. Ils reposaient sur un projet de plus d’un millier de pages avec près de 2 500 photographies accompagnant de nombreux tests de matériaux. Les sols carrelés du XVIe siècle ont ainsi retrouvé tout leur lustre. Mais les travaux ont surtout permis de consolider la structure pour la conformer aux plus récentes normes de sécurité et règles antisismiques. Un système de vidéosurveillance et l’intégration de rampes et d’ascenseurs ont été ajoutés pour rendre le couloir accessible aux personnes à mobilité réduite. Tout en respectant l’intégrité historique de la structure, cinq nouvelles sorties de secours ont été créées dont une après le Ponte Vecchio et une dans le Cortile delle Cacce dans les jardins de Boboli.
Depuis le 21 décembre, le public peut enfin redécouvrir le Corridor de Vasari (voir ill.). Ou plutôt le découvrir tant il était devenu le symbole d’un tourisme élitaire en ces temps de tourisme de masse. Ce que l’on appelle « le parcours du prince » avec ses 72 fenêtres n’était ouvert que sporadiquement pour de peu nombreuses et onéreuses visites guidées. La photographie en 2015 de Matteo Renzi, alors président du conseil, l’empruntant avec la chancelière Angela Merkel était devenue un symbole de l’exclusivité de ce lieu. Son accès sera néanmoins limité et autorisé dans un seul sens, des Offices vers les jardins de Boboli. Le parcours commence au premier étage de la galerie des Offices, accessible depuis la zone de la chapelle vénitienne, et se termine à la sortie du palais Pitti. Depuis le 10 décembre, il est possible de réserver sa visite. Toutes les vingt minutes pourront entrer 25 personnes pour arpenter, pendant environ quarante minutes, les 750 mètres unissant la galerie des Offices au palais Pitti. Une déambulation dans le Corridor de Vasari qui est possible, en achetant un supplément au billet d’entrée de la galerie des Offices, qu’il faudra avoir visité au préalable, pour un prix total de 43 euros. Un prix qui avait suscité un début de polémique. « C’est beaucoup plus bas que celui pratiqué par les agences privées qui se sont emparées des quelques billets disponibles avant la fermeture de 2016, rétorquait Eike Schmidt en estimant que dans la perspective internationale, 43 euros, c’est peu. Nous n’avons d’ailleurs pas voulu aller au-delà de ce qu’on paie pour aller voir un match de football par exemple. »
Si le prix du billet est conforme au projet initial de l’ancien directeur allemand des Offices, il n’en va pas de même de l’aménagement du Corridor de Vasari. Son successeur italien a décidé de laisser, pour l’instant, ses murs nus exactement comme ils se présentaient à l’origine avant que le cardinal Léopold de Médicis n’y installe au XVIIe siècle sa collection d’autoportraits. « Conformément à l’engagement pris devant les citoyens, le lendemain de ma prise de fonction, le Corridor de Vasari sera bien rouvert au public d’ici à la fin de l’année 2024, s’est félicité Simone Verde. Pour le musée, il s’agit d’un moment crucial qui permet de refermer une blessure et de restaurer l’unité de son histoire architecturale et de celle de ses collections en garantissant une plus grande facilité de la circulation en son sein. Les visiteurs qui le souhaitent pourront ainsi passer d’une rive à l’autre de l’Arno, en appréciant dans toute son étendue l’immensité, la cohérence et la richesse de la citadelle médicéenne du pouvoir et des arts. Cette ouverture va en effet de pair avec le travail systématique de réaménagement et de recomposition muséale qui est en cours et qui concerne le Palazzo Pitti et les jardins de Boboli. » Ces derniers feront en effet l’objet d’un ambitieux projet de restauration avec un budget de plus de 15 millions d’euros. Les appels d’offres gérés par les Surintendances de Pise et de Livourne viennent d’être lancés.
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Le Corridor de Vasari rouvre au public
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°646 du 3 janvier 2025, avec le titre suivant : Le Corridor de Vasari rouvre au public