Le sculpteur toscan Giovanni Pisano intègre enfin les collections nationales grâce à la spectaculaire acquisition du Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge.
C’est une œuvre rarissime que vient d’acquérir le Musée de Cluny. Normalement, les pièces d’une telle importance historique ne se trouvent en effet plus sur le marché. Cette statuette en ivoire du XIIIe siècle exécutée par Giovanni Pisano constituait même la seule opportunité de faire entrer dans les collections nationales une œuvre du sculpteur toscan. La qualité de l’objet et sa grande rareté lui ont d’ailleurs valu le privilège d’être reconnue œuvre d’intérêt patrimonial majeur.
C’est la somme qu’a dépensée le Musée de Cluny pour acheter cette pièce de gré à gré auprès de Stuart Lochhead, marchand anglais spécialiste de la sculpture. Le label « intérêt patrimonial majeur » a facilité la démarche, car il offre d’importantes réductions d’impôts aux mécènes. Pour lever une somme aussi considérable, l’institution a multiplié les leviers de financement : fonds propres, argent public, grands mécènes ainsi qu’une souscription populaire organisée par les Amis du musée.
Petite par la taille mais grande par son intensité et l’excellence de sa réalisation, cette statuette est une miraculée. Destiné à orner un crucifix, ce christ n’a de toute évidence pas été épargné par le temps. Il a en effet perdu ses bras, ses jambes et sa croix. Ce qui subsiste de ce chef-d’œuvre fragmentaire n’en est que plus bouleversant encore. Cette statuette de vingt centimètres condense des émotions paroxystiques (la douleur, la résignation) avec réalisme et sans pathos.
Cette pièce d’une grande profondeur psychologique est de fait l’œuvre d’un des meilleurs sculpteurs du Moyen Âge. Auteur de plusieurs crucifix, Giovanni Pisano a aussi participé à de prestigieux chantiers, dont les cathédrales de Sienne et de Pise, sa ville natale. Artiste majeur du XIIIe siècle, il a profondément renouvelé la sculpture et l’architecture gothique en intégrant les innovations stylistiques venues de France. Une influence visible par exemple dans le traitement de la chevelure.
Cette acquisition exceptionnelle est le clou de l’exposition que le musée présente jusqu’au 25 juin. Elle dresse le bilan de la politique d’enrichissement menée au cours des six dernières années, en dévoilant une trentaine de pièces, sur les quarante-trois entrées dans les collections depuis 2017 : des sculptures, des peintures, des enluminures, mais aussi des œuvres textiles. Parmi les pièces maîtresses on peut admirer, entre autres, une nativité de Jean Colombe ainsi qu’une vierge du Maître de Moulins.
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Le Christ crucifié de Giovanni Pisano
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Le Christ crucifié de Giovanni Pisano