MEUDON
MEUDON - Il est difficile de penser à un meilleur successeur pour Dominique Viéville à la tête du Musée Rodin. Catherine Chevillot a pris les commandes de l’hôtel Biron en janvier, laissant derrière elle son poste de conservatrice en chef responsable des sculptures au Musée d’Orsay.
La nouvelle directrice arrive à une heure de transformation pour le musée parisien. L’hôtel Biron vient d’entrouvrir ses portes le 3 avril après plusieurs mois de travaux pour améliorer ses conditions d’accueil et de présentation des œuvres. Prévue pour 2014, l’inauguration totale du musée flambant neuf n’est pas la seule préoccupation de Catherine Chevillot. La mise en valeur du Musée Rodin de Meudon (Hauts-de-Seine) a été inscrite sur sa feuille de route, à la demande expresse du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
Si proche de Paris et pourtant si loin des esprits, le musée meudonnais est le frère mal-aimé de son aîné parisien. C’est pourtant là que le maître a vécu et travaillé de 1893 à sa mort en 1917, et qu’il est enterré, auprès de son épouse Rose Beuret, à l’ombre d’un Penseur en bronze. C’est aussi là que le photographe Edward Steichen a réalisé son inoubliable série de Balzac prise au clair de lune. Tandis que Paris présente une version noble et achevée de l’œuvre de l’artiste, Meudon laisse entrevoir l’intimité de sa créativité.
Ouverture à l’année
Située sur les hauteurs de Meudon et offrant une vue panoramique sur les Hauts-de-Seine, la villa des Brillants a longtemps abrité l’atelier de l’artiste jusqu’au transfert dans les jardins, en 1901, du pavillon de l’Alma dans lequel Rodin avait présenté ses œuvres à l’Exposition universelle de 1900. En 1931, le pavillon a été remplacé par un large édifice signé Henri Favier ; y est aujourd’hui présentée une importante collection de plâtres dont une version inachevée de la Porte de l’Enfer. Comment valoriser les lieux et attirer les visiteurs ? Les obstacles au rayonnement du site sont nombreux : horaires réduits, accès peu aisé, déficit d’identité du lieu… Les liens à créer paraissent aussi variés que les pistes de réflexions sont multiples. Première décision de taille : l’ouverture à l’année du site habituellement fermé d’octobre à avril. Le 19 mai, la Nuit des musées sera l’occasion de découvrir la propriété et les œuvres à la lueur des flambeaux. La mise en place de navettes reliant la station de RER au Musée d’art et d’histoire et au Musée Rodin de Meudon, mais aussi de ce dernier au musée parisien le temps de cette soirée, permet d’améliorer l’accès au lieu.
L’heure est donc à la mise sur pied de collaborations avec les collectivités locales et à la création de partenariats. Avec l’Éducation nationale, pour assurer la fréquentation du site par le public scolaire. Avec les différentes institutions culturelles de la ville (le Musée d’art et d’histoire de la Ville, le Centre d’art et de culture, le château de Meudon…), pour créer une synergie et imaginer une stratégie, voire des opérations, en commun. Une société d’histoire des jardins a également été contactée pour réaménager la propriété, replanter et redonner du relief à la propriété. Tandis que l’intervention d’un cabinet d’architectes se révèle nécessaire pour résoudre les problèmes techniques et la vétusté du grand atelier des années 1930, qui pourraient nuire à la conservation de la collection des plâtres.
La date symbolique du centenaire de la mort du sculpteur, en 2017, pourrait dénouer les cordons de certaines bourses. D’ici là, la directrice souhaite obtenir un parking et une structure d’accueil (pour abriter billetterie, vestiaires, toilettes…), et surtout renouer avec la tradition du site, du temps où il bourdonnait telle une ruche créative, avec des résidences d’artistes. Tâche difficile mais la volonté est là.
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L’autre Musée Rodin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°369 du 11 mai 2012, avec le titre suivant : L’autre Musée Rodin