ROQUEBRUNE-CAP-MARTIN
Le Centre des Monuments nationaux va cogérer à partir d’avril 2018 plusieurs édifices modernistes surplombant le Cap Martin. Et se retrouvera seul aux manettes en mars 2020.
En mai 2015, la villa E-1027, bâtie entre 1926 et 1929 par la décoratrice et designer irlandaise Eileen Gray ouvrait pour la première fois ses portes au public grâce à la mise en place de visites guidées comprenant la découverte d'un restaurant voisin décoré par Le Corbusier et d'un cabanon attenant édifié par « Corbu » en 1951. L'association Cap Moderne, à qui le Conservatoire du littoral avait confié en 2014 la gestion de cet ensemble immobilier dont il est propriétaire, s'apprête aujourd'hui à passer le relais.
Le site surplombant le cap Martin, baptisé « Cap moderne », va entrer dans le giron du Centre des Monuments Nationaux (CMN), opérateur qui entretient pour l'Etat et ouvre au public une centaine de monuments disséminés sur le territoire. « Une manière d'assurer l'avenir », assure Michael Likierman, président de Cap Moderne. « Le président de Cap Moderne s'est tourné vers nous car se sentant décliner, il ne souhaitait pas renouveler la convention unissant l'association et le Conservatoire du littoral qui expire en 2020 », explique Philippe Bélaval, président du CMN.
Une convention de partenariat a été signée fin décembre entre les différents acteurs. Dès avril 2018, le site, qui a accueilli 8 500 visiteurs en 2017, va entrer dans une période de cogestion. Si le CMN va prendre en charge l’exploitation des lieux (visites guidées, billetterie, promotion touristique...) et son entretien courant, l'association Cap Moderne va continuer de mener quelques animations culturelles et surtout, poursuivre la restauration la villa E-1027.
Il s'agit de profiter des quelques mois de fermeture hivernale annuelle pour achever les travaux de la maison conçue par Eileen Gray, dont le gros-œuvre a été réalisé entre 2007 et 2009 par l'architecte en chef des monuments historiques Pierre-Antoine Gatier et qui a bénéficié depuis de nombreux ajustements. Il faut dire que le chantier n'était pas venu à bout des problèmes d'infiltration d'eau causés par des points de faiblesse dans la conception de la villa qui pâtit d'un environnement salin destructeur. « Selon l'impact de l'humidité sur le bâtiment, que des témoins placés sur les murs devraient nous permettre de jauger, on aura peut-être encore à intervenir », explique Michael Likierman.
L'association poursuit également le remeublement de la villa (qui a été vidée de l'intégralité de son mobilier dans les années 1990) en faisant réaliser des répliques de meubles sur le modèle des dessins d'Eileen Gray, et en faisant remplacer des copies trop peu fidèles, laissées sur place après le tournage d'un film. Parmi les dispositifs récemment installés dans la villa, un cache coulissant (à activer pendant les visites guidées) vient dissimuler une peinture murale signée Le Corbusier : il faut dire que les couleurs criardes de cette œuvre - que « Corbu » avait réalisée sans l'accord d'Eileen Gray entre 1938 et 1939 - détonne avec l'atmosphère épurée de cet édifice moderniste.
En mars 2020, le Centre des monuments nationaux sera seul aux manettes pour conserver et exploiter le site. La villa E-1027 et les bâtiments qui l'entourent viennent ainsi s'ajouter aux monuments récemment tombés dans le portefeuille du CMN, telles la villa Kérylos en 2015 ou la chapelle de Berzé-la-Ville en 2016. Un développement du CMN qui témoigne du volontarisme de cet opérateur, considéré comme un relais de plus en plus efficace pour les collectivités ou les structures en en charge d'un patrimoine trop lourd pour elles.
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La villa Eileen Gray au Cap Martin confiée au CMN
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