Les 100 lieux administrés par le Centre des monuments nationaux ont perdu 700 000 visiteurs en 2016. Les sites proches des attentats de Paris et Nice sont les plus affectés. De sorte que les recettes de la billetterie ont baissé de 10 %, ce qui n’est pas sans conséquences sur les travaux de l’établissement public. Une légère reprise a marqué la fin d’année.
En 2016, le Centre des monuments nationaux (CMN), opérateur qui entretient pour l’État et ouvre au public 100 monuments disséminés sur l’ensemble du territoire français, a enregistré une baisse de fréquentation globale. 8,5 millions de personnes ont franchi les portes d’un monument national au cours de l’année écoulée, contre 9,2 millions en 2015 et 9,5 millions en 2014.
Sans surprise, ce sont les mastodontes touristiques qui, des suites des attentats de 2015 et 2016 et des contraintes de l’état d’urgence – ont eu le plus à souffrir de la désaffection des visiteurs internationaux (en particulier asiatiques) à l’égard de la France et principalement de sa capitale. L’arc de triomphe de l’Étoile à Paris et le Mont-Saint-Michel – les deux plus importants sites du CMN – ont respectivement accueilli 1,3 million de visiteurs (contre 1,7 en 2014 et 2015) et 1,1 million visiteurs (contre 1,2 million en 2014 et 2015). Autre place forte du tourisme dont la fréquentation est en berne, les tours de Notre-Dame de Paris enregistrent une baisse de fréquentation de 14 %. La Sainte-Chapelle a, quant à elle, gagné des visiteurs ( 1 %), ce qui vient relativiser l’idée que la fréquentation des monuments parisiens ne serait corollaire que des flux touristiques. Libérée des travaux qui ont encombré ses verrières entre 2008 et 2015, le monument édifié sous saint Louis a bénéficié d’un regain d’attractivité.
Le bilan est plus contrasté en région. Des hauts et des bas sont à relever selon la programmation et les chantiers qui ont fait l’actualité de chaque édifice. Les monuments des alentours de Nice ont pu souffrir de la chute du tourisme après l’attentat du 14 juillet, tels le trophée d’Auguste à La Turbie (-30 %) ou la villa Kerylos qui, pour sa première année de fonctionnement sous l’égide du CMN (40 000 visiteurs), est loin de rassembler les 60 000 escomptés par l’établissement. Peu touchée par la baisse du tourisme, la côte atlantique a vu plusieurs de ses monuments tirer leur épingle du jeu, telles la maison de Georges Clémenceau ( 40 % de fréquentation) ou les tours de La Rochelle, dont la plus haute, rutilante après une restauration qui s’est achevée en 2015, a pu attirer les foules plus que de coutume.
Recettes en berne et travaux reportés
Qui dit baisse de fréquentation générale dit aussi baisse de recettes, pour le CMN, dont le fonctionnement est largement autofinancé (à hauteur de 80 % en 2016) et basé sur un principe de redistribution de ses ressources pour gérer et entretenir l’ensemble de ses monuments. En 2016, la billetterie, première source de ressources propre de l’établissement, a récolté 44,8 millions d’euros contre 49,8 millions d’euros en 2015. Et les recettes commerciales sont au diapason. La directrice générale Bénédicte Lefeuvre nuance : « Nos recettes se sont un peu rattrapées avec la location d’un espace publicitaire sur la Colonne de Juillet (en travaux jusqu’en 2018, ndlr) et aux gains engendrés par le Paris Museum Pass arrivés dans nos caisses en 2016. » Ce qui n’a pas empêché le tarif des billets d’entrées de chaque monument d’augmenter légèrement ( 50 centimes) en janvier 2017, « pour suivre l’inflation » selon la directrice générale (les prix n’avaient pas augmenté depuis 2012), mais aussi pour compenser la baisse des visiteurs. Entre 2016 et 2017, le ministère de la Culture a joué le jeu en ajustant sa subvention de fonctionnement pour répondre aux exigences du moment : renforcer les dispositifs et personnels de sécurité. Mais les crédits d’investissement de la Rue de Valois – utilisés pour les travaux de restauration, d’aménagement ou d’accessibilité – s’annoncent, eux, « manifestement insuffisants » pour l’année 2017 comme le note le projet de loi de finances, qui souligne que ceux-ci sont en diminution perpétuelle depuis 2008, et stagnent aux alentours de 18 millions d’euros depuis 2014. Le CMN, qui a longtemps pu compter sur une réserve financière aujourd’hui pratiquement épuisée, doit retarder certains de ses travaux comme ceux de la merveille du Mont-Saint-Michel ou de la cascade du parc de Saint-Cloud.
L’année 2017 ne manquera toutefois pas de temps forts (fin de la restauration d’Azay-le-Rideau, de la Sainte-Chapelle de Vincennes, la réouverture du château de Rambouillet…) Et depuis fin 2016, le retour des visiteurs est enclenché : les touristes étrangers ont repris le chemin de la France et de ses monuments. En espérant que l’embellie se maintienne.
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Résultats 2016 nuancés pour le CMN
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°472 du 3 février 2017, avec le titre suivant : Résultats 2016 nuancés pour le CMN