BUSSY-LE-GRAND
Après sa rénovation, le château de Bussy-Rabutin a doublé la surface de son parcours de visite. Le public peut découvrir son aile est, restaurée et remeublée.
Bussy-le-Grand (Côte d’Or). C’est une petite pépite, perdue au milieu de la Bourgogne. Érigé au XIVe siècle, le château de Bussy-Rabutin, de style Renaissance, est aménagé par son plus célèbre propriétaire, le comte Roger de Bussy-Rabutin. Courtisan du roi Louis XIV, il s’attire pourtant les foudres de celui-ci lorsqu’il détaille les frasques libertines du Roi-Soleil et de son entourage, dans un ouvrage intitulé Histoire amoureuse des Gaules.
Cette indiscrétion, le cousin de Madame de Sévigné la paie par treize mois d’enfermement à la Bastille, puis par un exil à vie dans son château bourguignon, qu’il décore de plus de cinq cents portraits des membres de la cour de France, dont il ne peut plus croiser le regard. Dans les années 1830, le comte de Sarcus achète la demeure, la sauve de la ruine et la fait classer monument historique. Le bien est acquis par l’État en 1929, mais les aménagements réalisés par son dernier propriétaire ne résistent pas aux ravages du temps.
Lieu emblématique de la région Bourgogne-Franche-Comté lors de l’édition 2018 du Loto du Patrimoine, le château a fait l’objet de diagnostics structurels permettant d’entreprendre des travaux de restauration au printemps 2020. Au total, le montant du chantier s’élève à 4,5 millions d’euros : 1 million d’euros financé par le plan de relance du gouvernement, 350 000 euros par la Région, 200 000 euros par la Mission Patrimoine, 50 000 euros par le Fonds européen de développement régional (FEDER), et le reste par le Centre des monuments nationaux (CMN).
« C’est un projet comme on aime les faire, sourit Delphine Samsoen, directrice générale du CMN. La restauration a associé tous les corps de métier : maçons, charpentiers, menuisiers, électriciens, plombiers, couvreurs, restaurateurs… » Les premiers travaux se concentrent sur l’état sanitaire des lieux, infestés par des insectes xylophages et souffrant de problèmes d’humidité. Le curage des douves et l’assainissement des murs et menuiseries extérieurs précèdent les restaurations intérieures. « On partait d’un état de conservation apocalyptique », se souvient Martin Bacot, architecte en chef des Monuments historiques.
De belles surprises attendent pourtant les équipes s’attelant aux travaux (dont l’Atelier d’Offard, Mathieu Lustrerie, ou encore l’Atelier de Ricou) : d’anciens décors sont, par exemple, retrouvés lors de la dissolution de certaines peintures. En fonction des informations récoltées sur la base des inventaires descriptifs, les restaurateurs parviennent à reconstituer les aménagements du XIXe siècle. Le Musée de la toile de Jouy a reproduit des textiles, le Mobilier National a fourni une quarantaine d’objets et aide à la restauration des collections en réserve, et des acquisitions sont menées (notamment une pendule à la Diane semblable à celle qui ornait les anciens appartements). En deux ans de travaux, la moitié du château renaît.
Des appartements aux cuisines en passant par la bibliothèque, l’aile est, dite Sarcus, respire l’authenticité. Dans l’aile ouest, la galerie des portraits et la chapelle sont également enrichies. La tour dorée est désormais agrémentée d’un rare manuscrit du recueil qui causa l’exil du comte de Bussy-Rabutin, acquis par le CMN grâce à une préemption du ministère de la Culture. « L’idée est de redonner le sentiment d’un lieu habité, d’offrir au public une véritable immersion, et pas seulement de voir de vieilles pierres », souligne Delphine Samsoen.
Grâce à un espace de médiation ouvert depuis 2020, le lieu peut en effet être visité sans que ses pièces ne soient encombrées d’éléments explicatifs. Un élévateur, des dispositifs tactiles pour le public non ou malvoyant et une traduction en langue des signes française rendent également le circuit plus accessible. Le CMN compte ainsi aider le château à prendre une place plus importante dans son territoire. Son administrateur, François-Xavier Verger, espère atteindre 35 000 visiteurs par an.
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La seconde vie du château de Bussy-Rabutin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°610 du 28 avril 2023, avec le titre suivant : La seconde vie du château de Bussy-Rabutin