AZAY-LE-RIDEAU
Si l’extérieur du château resplendit, le parcours intérieur peut dérouter par les choix effectués pour son remeublement.
Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire). Le vaste chantier d’Azay-le-Rideau s’est achevé cet été. Le château, célèbre pour son architecture Renaissance se reflétant dans un vaste miroir d’eau, a retrouvé un aspect extérieur resplendissant après nettoyage de sa façade et reprise de sa couverture en ardoise. Ces travaux devaient aussi étoffer, salle après salle, un parcours intérieur plutôt clairsemé. L’édifice, qui était vide lorsque l’État l’a acquis en 1905, avait été meublé modestement tout au long du XXe siècle, grâce à des acquisitions et des dépôts d’objets du XVe au XIXe siècle n’ayant pas toujours à voir avec l’histoire du lieu. « Les visiteurs étaient déçus de l’intérieur qui n’était pas à la hauteur de la réputation architecturale du château et la fréquentation s’était érodée », commente Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux (CMN), qui gère l’édifice. Mais si le parcours s’est considérablement enrichi depuis 2013, il pourra dérouter le visiteur par son hétérogénéité, tant les choix retenus pour le rez-de-chaussée et le premier étage diffèrent.
Pour le rez-de-chaussée, le parti pris a été de ressusciter l’époque où le château d’Azay était occupé par la famille des marquis de Biencourt (lire le JdA no 452, 4 mars 2016) durant la deuxième moitié du XIXe siècle.
Le salon, la salle de billard, la bibliothèque ou la salle à manger ont été remeublés à la manière de period rooms, en s’aidant de photographies et d’inventaires de l’époque pour restituer le style historiciste qui avait la faveur des Biencourt. Parmi les objets installés au cours de ces dernières années, certains ont bel et bien appartenu aux Biencourt et ont été prêtés par des musées à qui ils avaient été vendus jadis, tel ce Psyché apportant à Vénus le vase de Proserpine, tableau de Jan Massys aujourd’hui propriété du Louvre et déposé à Fontainebleau. D’autres objets constituent des « équivalents » aux originaux (objets de même style et de même époque) que le CMN a puisés pour l’occasion dans les collections du Mobilier national.
Si le rez-de-chaussée témoigne d’une volonté de reconstituer plus ou moins fidèlement un état existant – celui des marquis de Biencourt –, le premier étage propose une évocation très générale d’une Renaissance à la fois réelle et fantasmée. Ainsi fait-il cohabiter des tapisseries et portraits royaux issus de l’ancien accrochage du château avec des objets confectionnés au plus près des techniques anciennes, tel ce lit recouvert d’une garniture en joncs tressés. S’ajoutent à l’ensemble des installations artistiques contemporaines présentées durant deux ou trois ans qui tirent leur inspiration de La Jérusalem délivrée (poème épique de 1581*) et du mythe de Psyché. Le public pourra avoir du mal à saisir la cohérence générale de ce remeublement, d’autant que la médiation est assez restreinte. Les partisans de l’immersion apprécieront qu’aucun cartel ne vienne « polluer » les murs tandis que les plus curieux regretteront l’absence de fiches de salles qui auraient permis de les renseigner sur les œuvres exposées. Bien qu’appréciables, le petit livret accompagnant la visite et le centre d’interprétation placé à l’extérieur du château ne comblent pas vraiment ces lacunes.
(*) Nous avions écrit par erreur "1851" dans la version papier de l'article.
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La renaissance du château d’Azay-le-Rideau
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°487 du 20 octobre 2017, avec le titre suivant : La renaissance du château d’Azay-le-Rideau