LE BREUIL-SOUS-ARGENTON (DEUX-SÈVRES)
Après la Mothe-Chandeniers, c’est le château de l’Ebaupinay dans les Deux-Sèvres qui a été acheté par un large collectif. Le projet : reconstruire cet édifice en ruine.
Le Breuil-sous-Argenton (Deux-Sèvres). La start-up Dartagnans et l’association Adopte un château ont rassemblé à nouveau suffisamment de donateurs pour acquérir collectivement un deuxième château en péril, un an après celui de la Mothe-Chandeniers, dans la Vienne. Il s’agit cette fois du château de l’Ebaupinay (Deux-Sèvres), isolé dans la campagne, à 45 km de la Mothe-Chandeniers. « La proximité des deux lieux devrait permettre de mettre en place des billets d’entrée jumelés et d’élaborer des événements en commun », explique Romain Delaume, P.-D.G. de Dartagnans.
À l’heure où nous mettons sous presse, et tandis que la collecte doit continuer jusqu’au 25 décembre, près de 6 500 personnes ont permis de réunir, par le biais de la plate-forme de financement participatif Dartagnans, une somme supérieure à 660 000 euros. Le palier de 550 000 euros devait être atteint pour pouvoir acheter l’Ebaupinay, forteresse en ruine du XVe siècle, à ses propriétaires (le couple Corbière) désireux de se délester d’un édifice familial qu’ils n’avaient plus les moyens d’entretenir. « Nous avons signé un compromis de vente et l’achat sera finalisé début 2019 », explique Romain Deleaume.
De la même manière qu’à la Mothe-Chandeniers, c’est une société par action simplifiée (SAS), gérée au quotidien par les porteurs du projet (Dartagnans et Adopte un château), qui deviendra propriétaire du lieu. Chaque donateur pourra devenir actionnaire de cette SAS et participer, par le biais d’un site Internet, aux votes portant sur les grandes orientations de l’Ebaupinay. Les porteurs du projet ambitionnent cependant de reconstruire le château dans son état du XVe siècle. Il s’agit là d’un choix complètement opposé à celui qui avait été pris pour La Mothe-Chandenier, à savoir la conservation et la consolidation de la bâtisse néogothique dévorée par la végétation dans son état de ruine.
Pour élaborer leur projet de reconstruire l’Ebaupinay, un château flanqué de tours qui a perdu charpentes et planchers après avoir été incendié au XVIIIe siècle, Dartagnans et Adopte un château se sont calqués sur le modèle du château de Guédelon. À l’image de ce qui est fait dans l’Yonne, ils voudraient mettre en place un chantier visitable, sur lesquels travailleraient des artisans professionnels ainsi que, de manière bénévole, les « copropriétaires » du château. D’accès payant, ce chantier aurait vocation à montrer au public les techniques de construction médiévale (charpente, forge, taille de pierre…). Guédelon est cependant un chantier qui ne s’appuie sur aucun édifice existant, ce qui confère aux ouvriers une grande liberté d’action.
Le projet de reconstruire le château de l’Ebaupinay, dont les ruines ont été classées au titre des monuments historiques en 1898, ne court-il pas le risque de se heurter, lui, à la frilosité de la direction régionale des Affaires culturelles (Drac), chargée de contrôler les travaux de cet édifice protégé ? Selon la doctrine habituellement en vigueur, il appartient à l’administration des monuments historiques de vérifier, dans une certaine mesure, qu’une restitution soit fondée sur des éléments réels du passé et non sur une invention. Pour l’architecte en chef des Monuments historiques François Jeanneau, qui a réalisé en 1997 une étude préalable à la restauration du lieu et que Le Journal des Arts a pu interroger, « rien ne s’oppose intellectuellement à ce que l’Ebaupinay soit restitué dans son état du XVe siècle car les traces des niveaux de sol ou des anciennes poutres sont encore visibles ». Dans tous les cas, le regard que portera la Drac, qui n’a pas encore été sollicitée à ce jour, sera à prendre en compte.
Les porteurs du projet regardent aujourd’hui vers l’avenir : ils entendent lancer le premier chantier de bénévoles au printemps. « Afin de curer et remplir les douves du château », précise Romain Delaume. Tout au long de l’année 2018, le château de la Mothe-Chandeniers a pu quant à lui bénéficier de l’engagement de ses « copropriétaires » qui ont débroussaillé et nettoyé le site. Ouvert pendant la haute saison, le parc a accueilli 5 000 visiteurs et deux événements privatisés. Prochaine étape importante : la cour intérieure du bâtiment doit être rendue accessible à la fin 2019.
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Adopte un nouveau château
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°513 du 14 décembre 2018, avec le titre suivant : Adopte un nouveau château