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La Cité de la langue française, un atout pour une ville plus souriante qu’on ne le dit

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2024 - 712 mots

VILLERS-COTTERÊTS

Malgré un taux de chômage assez élevé, Villers-Cotterêts est loin d’être une ville sinistrée.

Vue aérienne de la Cité internationale de la langue française, château de Villers-Cotterêts © Yann Monel / CMN
Vue aérienne de la Cité internationale de la langue française, château de Villers-Cotterêts.
© Yann Monel / CMN

Développement local. Il est assez rare de voir un château du XVIe siècle et un domaine national en pleine ville, qui plus est à quelques mètres de la mairie et de l’église. C’est le cas à Villers-Cotterêts, ville de 10 500 habitants où l’afflux de visiteurs à la Cité de la langue française apporte un nouveau souffle. Comme de nombreuses communes des Hauts-de-France, Villers-Cotterêts a subi la désindustrialisation depuis les années 1990 : en conséquence le taux de chômage y est de 17 % selon l’Insee, au-dessus de la moyenne nationale. Pour autant le centre-ville ne ressemble pas à celui d’une ville en déshérence, les commerces sont nombreux et l’activité palpable les jours de marché. Nulle façade décrépie sur les bâtiments et maisons en pierre blanche, et on constate même une frénésie de rénovation : le maire Franck Briffaut (FN puis RN) se targue d’ailleurs d’inciter les propriétaires à rénover leur logement, dont une majorité date de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle. Le classement Monument historique du château aide sans doute à conserver un air pimpant aux façades environnantes (règle des cinq cents mètres). Ces rénovations sont importantes car la ville dispose de peu de réserve foncière, dans la seule zone qui n’est pas cernée par la forêt au sud. Entre les restaurants qui jalonnent les deux rues principales et les commerces de vêtements qui affichent des prix dignes de la région parisienne, la ville donne une impression de dynamisme économique.

Villers-Cotterêts n’est pas typique des communes sinistrées qui ont élu un maire Front national, comme le remarque Franck Briffaut, membre du FN depuis la fin des années 1970. On constate cependant que comme dans beaucoup de villes passées au Front national la ville manque d’infrastructures : il n’y a pas d’hôpital, pas de grand musée ou de théâtre, et un seul lycée (certes européen, avec un cursus bilingue anglais). Le principal équipement culturel est le cinéma situé en face de la Cité, avec une programmation familiale d’une dizaine de films chaque semaine. L’ouverture de la Cité constitue donc un avantage unique pour la ville, tant au plan économique que culturel. Le maire précise par exemple que, depuis novembre 2023, le chiffre d’affaires des restaurants a plus que doublé. Il ajoute que le projet de la Cité est d’une ampleur que l’on voit « plutôt en Île-de-France que dans une commune de l’Aisne », avec des répercussions sur la circulation en centre-ville. Cependant, les visiteurs de la Cité ne restent pas à Villers-Cotterêts plus d’une journée, ce qui ne fait pas de surcroît d’activité dans les rares établissements hôteliers (la ville a une capacité d’une centaine de nuitées). La liaison ferroviaire directe pour Paris en cinquante minutes incite les visiteurs à venir facilement, mais fait de Villers-Cotterêts une grande banlieue aux yeux des Franciliens. D’autres sites touristiques peuvent motiver le public pour un séjour plus long, comme la Nécropole nationale qui héberge 2 500 tombes de soldats de 1914-1918 et fait partie d’un circuit de tourisme mémoriel. Franck Briffaut précise que « la ville ne peut pas dépendre uniquement de la Cité de la langue française » bien que celle-ci constitue son principal atout.

Si le bilan de fréquentation de la Cité est très positif, les interactions avec la ville sont pour l’instant peu concluantes. Paul Rondin signale tout de même le passage de la flamme olympique, et des activités communes lors du sommet de la Francophonie début octobre 2024. Villers-Cotterêts héberge la maison natale d’Alexandre Dumas à quelques centaines de mètres de la Cité de la langue française, et elle fait partie d’un circuit de maisons d’écrivains. Mais il n’y a pas de programme commun avec la Cité, malgré les tentatives du maire et de la direction de la Cité (les deux parties se renvoient la responsabilité). Selon Paul Rondin, une convention est en cours de rédaction pour encadrer les usages du site avec la ville, ce qui réjouit le maire qui affiche une volonté de coopération avec la Cité, tout en critiquant une partie de la programmation. L’année 2025 devrait permettre de tester les synergies entre la ville et la Cité, et de voir comment la dynamique initiale se développe sur le moyen terme.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : La Cité, un atout pour une ville plus souriante qu’on ne le dit

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