BARCELONE / ESPAGNE
Le modernisme et sa figure tutélaire ont laissé à Barcelone de véritables chefs-d’œuvre. Mais, à l’ombre du maître, d’autres architectes ont essaimé dans toute la Catalogne.
La Catalogne et sa capitale, Barcelone, ont vu émerger, à la fin du XIXe siècle, un courant original de l’Art nouveau : le modernisme, avec pour chef de file l’architecte Antoni Gaudí (1852-1926). Soutenu par les grandes familles industrielles catalanes, qui voulaient se démarquer de leurs aînés et d’un goût bourgeois jugé trop passéiste, l’architecte a légué à Barcelone des bâtiments représentatifs de ce nouvel élan créatif, comme la Sagrada Familia, devenue l’emblème de la ville.
Les plans de cette basilique, commencée en 1882, ont été entièrement repris par Gaudí à partir de 1914. Il en tire une distribution complexe, transposant en termes architecturaux l’histoire de la Vierge et du Christ. Mais le programme, trop ambitieux, n’aura pas le temps d’être achevé avant la mort du maître, tué par un tramway alors qu’il traversait la rue en 1926. Les travaux, poursuivis de façon chaotique, ont connu quelques avancées notables ces dernières années, avec notamment le couvrement des absides de la nef et du chœur. Il reste cependant tellement à faire pour voir un jour ce monument achevé !
Les principaux manifestes signés Gaudí
Fort heureusement, la majorité des commandes passées à Gaudí ont, elles, abouti. C’est le cas de la Casa Batlló, sur le Passeig de Gràcia, construite entre 1904 et 1906 pour le compte de Josep Batlló i Casanovas, un riche industriel du textile. La demeure développe dans son architecture et sa décoration ce langage organique si cher à l’architecte : fenêtres de façade évoquant des crânes, éléments végétaux, utilisation de mosaïques de terre cuite vernissée…
Toujours sur le Passeig, en s’éloignant de la place de Catalogne, un autre bâtiment impose lui aussi sa carrure aux passants : La Pedrera. Cet ensemble, que son propriétaire, la Caixa Catalunya, a restauré entièrement, reste encore un lieu d’habitation. Mais l’on peut y visiter un « appartement témoin », qui a gardé son agencement d’origine, meublé avec quelques pièces d’époque.
Si Barcelone concentre la quasi-totalité des monuments érigés par Gaudí, il en est un moins connu, situé à trente minutes de la ville en transports, dans la Colonia Güell : une chapelle, elle aussi inachevée. La Colonia porte le nom de l’industriel et mécène de Gaudí – pour qui il avait déjà construit le parc Güell et une résidence –, qui avait décidé d’installer ses usines textiles à l’extérieur de Barcelone. L’homme d’affaires fit construire ex nihilo une nouvelle ville ouvrière, confiant la réalisation de la chapelle à Gaudí. Le chantier, commencé en 1908, prit trop de temps au goût du mécène, qui arrêta de financer le projet en 1914, laissant uniquement les fondations et la crypte achevées.
Deux architectes dans l’ombre du maître
La figure tutélaire de Gaudí semble avoir eu une emprise totale sur tout le mouvement moderniste. Pourtant deux autres noms sont à retenir : Lluís Domènech i Montaner et Josep Puig i Cadafalch. Jouxtant la Casa Batlló, deux immeubles sont signés de ces architectes, valant à cette portion de rue le nom de « Pomme de discorde », tant les trois styles diffèrent. Mais pour mieux se rendre compte de cette diversité, il faut quitter Barcelone et se rendre à Reus, ville natale de Gaudí située à quinze kilomètres de Tarragone. La cité, qui à l’époque était la deuxième de la région après Barcelone, possède un ensemble architectural moderniste bien conservé.
Après la visite du Centre d’interprétation Gaudí, permettant de comprendre les solutions architecturales novatrices développées par le maître, la ville propose un parcours pour découvrir des bâtiments dus à des architectes de talent, et qui ont su exister aux côtés de l’imposant Gaudí.
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La Catalogne moderniste dans les pas d’Antoni Gaudí
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : La Catalogne moderniste dans les pas d’Antoni GaudÁ