Dans le cadre d’un vaste chantier d’extension, le Musée de l’armée vient d’acquérir ce fonds exceptionnel constitué par le documentariste Éric Deroo.
Aujourd’hui, le parcours chronologique du Musée de l’armée s’achève sur la Seconde Guerre mondiale. En 2015, le ministre des Armées, Jean-Yves Le Drian, a annoncé la volonté de l’État de rattraper ce retard et de couvrir la période contemporaine pour se mettre ainsi au niveau des grands musées internationaux d’histoire militaire. Cet ambitieux chantier, baptisé Minerve, permettra à horizon 2030 d’agrandir le musée de trois mille mètres carrés. Il sera mis en œuvre par Antoine Dufour Architectes.
Ce projet d’extension s’accompagne aussi d’un chantier scientifique de redéfinition du musée et de son discours. Les nouveaux espaces seront ainsi notamment dotés d’un parcours permanent sur l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, conférant au musée une place de choix dans le débat de société. Pour aborder ces questions sensibles, l’établissement va s’appuyer sur un solide comité scientifique ; une instance pluridisciplinaire rassemblant autant des historiens que des anthropologues
Longtemps laissé en jachère, ce sujet épineux a été peu documenté dans les collections. L’établissement mène donc une politique volontariste d’acquisition afin de combler cette lacune. Son budget d’acquisition a ainsi été multiplié par cinq, dépassant le million d’euros. Toutefois, l’écrasante majorité des enrichissements du musée est encore de nature gracieuse. Le musée envisage d’ailleurs d’organiser une collecte nationale, afin que le public se réapproprie cette histoire douloureuse.
Le musée a toutefois réalisé quelques acquisitions onéreuses, à commencer par le spectaculaire Fonds Deroo. Une collection exceptionnelle patiemment constituée par le documentariste Éric Deroo. Personnalité atypique, il a été l’assistant de Robert Bresson et a mené en parallèle une carrière d’anthropologue. Spécialiste de la représentation du fait colonial, il a constitué sa base de données idéale en ventes publiques, dans les brocantes, mais aussi auprès des anciens combattants et des artistes.
Riche de plus de 58 000 items, la collection embrasse un siècle. Elle comprend une bibliothèque de référence et un riche ensemble d’affiches, d’archives et de photographies. Elle renferme aussi des dessins et des objets inclassables. Sa force réside dans sa diversité, car elle couvre des colonies rarement documentées comme Madagascar. Elle se distingue aussi par son point de vue, car elle porte une attention particulière au regard de l’autre ; à savoir les civils et les mouvements de libération.
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Fonds Deroo sur l’histoire de la colonisation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Fonds Deroo sur l’histoire de la colonisation