États-Unis - Nouvelles technologies

En Floride Salvador Dalí ressuscité par l’intelligence artificielle

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 19 mai 2019 - 564 mots

ST. PETERSBURG / ETATS-UNIS

Au Musée Dalí, les visiteurs sont accueillis par le peintre en personne et peuvent même prendre un selfie avec lui.

Le Salvador Dali Museum a St Peterburg, Floride en mars 2011. © Photo Taty2007, CC BY 3.0.
Le Salvador Dalí Museum à St Peterburg, en Floride aux Etats-Unis
Photo Taty2007

Samedi dernier marquait le 115e anniversaire de Salvador Dalí : belle occasion pour revenir d’entre les morts. Au musée Dalí de St. Petersburg (Floride), les visiteurs ont en effet été accueillis par un Salvador Dalí plus vrai que nature. « Je suis Salvador Domingo Felipe Dalí i Domènech, et je suis de retour ! » annonce-t-il sur un écran à taille humaine placé dans l’entrée du musée.

Le réalisme de cet avatar est troublant. Mimiques, phrasé, vocabulaire, sont reconstitués de manière si précises que l’effet de présence du défunt peintre bluffe les visiteurs : « Certaines personnes ont pleuré ! » raconte Hank Hine, le directeur du musée « le simple fait que quelqu’un ait été resuscité, c’est incroyable. Ça a un impact spirituel. »

Si Hank Hine se montre si mystique, c’est qu’il ne s’agit pas d’une simple animation. Le projet « Dalí Lives », conçu en partenariat avec l’agence de communication Goodby Silverstein & Partners, a eu recours à l’intelligence artificielle, pour apprendre à se mouvoir, parler et réagir comme Dalí, à partir des fonds d’archives écrites et vidéos du musée.

Plus de 1 000 heures ont été nécessaires au programme pour comprendre les attitudes de Dalí, et acquérir ses expressions si particulières. Cette intelligence artificielle a ensuite généré des scripts, joués par une doublure de la taille de Dalí, et enregistrés par un acteur maîtrisant son accent. Pour finir, le visage et ses mimiques sont intégrés à la place du visage de la doublure, grâce à la méthode du deepfake.

Sur trois écrans installés à l’entrée, à l’étage d’exposition et dans la boutique du musée, les visiteurs peuvent interagir avec ce Dalí virtuel capable de répondre à la plupart de leurs questions. Il y a 200 000 combinaisons de vidéos possibles, laissant à chacun l’illusion que Dalí s’adresse directement à lui. 

Il parlera avec eux de sa peinture, mais aussi de sa femme Gala (3), ou de sa personnalité. Dans la boutique, le peintre espagnol ne laisse pas partir les visiteurs sans un petit souvenir : il se retourne pour prendre un selfie avec eux, qu’ils pourront recevoir par sms.

Pour le musée de St. Petersburg, c’est une manière d’attirer de nouveaux visiteurs « Les gens veulent avoir accès à l’art. Ils veulent une porte d’entrée » constate Hanke Hine. « Cette technologie fait découvrir aux visiteurs la personnalité hors-norme de Dalí, en plus de notre collection inégalée. » 

Installé dans un nouvel écrin depuis 2011, le musée Dalí présente la collection des collectionneurs Reynolds et Eleanor Morse, qui en 40 ans de relation avec le peintre ont accumulé plus de 2 000 pièces dont 100 peintures, 100 aquarelles, et 1 300 gravures, sculptures, dessins et objets divers. 

Le musée privé de Floride se donne pour mission de faire vivre son héritage de la manière la plus moderne possible : « Dalí lui-même était à la pointe de la technologie » rappelle Beth Bell, directrice marketing, « Nous nous sentions obligés de poursuivre cet héritage. On pense qu’il aurait adoré ce genre de choses... C’est dans son esprit ». Dalí aurait certainement apprécié cette petite résurrection, lui qui écrivait « J’espère que dans les cafés les gens se diront : ‘Dalí est mort, mais pas complètement !’ ».

 

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