Alors que les grandes maisons de ventes aux enchères viennent de céder les premières œuvres d’art entièrement conçues par l’intelligence artificielle, « Programmed: Rules, Codes, and Choreographies in Art, 1965–2018 » propose une réflexion autour de l’impact du digital et de la programmation dans le processus créatif.
L’exposition rassemble cinquante œuvres de trente-neuf artistes entièrement issues des collections du Whitney Museum. Une place importante est donnée à l’aléatoire, comme dans Baby Feat. Ikaria, une vidéo de Ian Cheng, où trois chatbox (dialogueurs générés par une interface) échangent entre eux sur fond de débris d’ordinateur volant. Une autre est accordée au processus créatif résultant des instructions données par des artistes, tels que les dessins de Sol LeWitt qui fonctionnent avec des notices précises, ou les installations géométriques répondant à des calculs mathématiques pointus de Donald Judd. Malheureusement, l’ensemble est un peu décousu, et la juxtaposition d’œuvres comme la pièce centrale Fin de siècleII (1989) de Nam June Paik, pionnier de l’art vidéo, au côté de l’installation de Lynn Hershman Leeson de 1984, dont l’alter ego Lorna renvoie le visiteur à la solitude provoquée par l’augmentation des services en ligne, manque de cohérence. Notons tout de même quelques pépites, avec des rapprochements intéressants comme les combinaisons de carrés colorés de Josef Albers avec la composition en permanente évolution sur écran de John F. Simon Jr.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : Œuvres d’art programmables