DIJON
La rénovation, qui s’est étalée sur plus de dix ans, vient de s’achever. Les surfaces d’exposition agrandies présentent moins d’œuvres, mais permettent un accrochage aéré, mettant en valeur la belle collection.
Dijon. Le Musée des beaux-arts de Dijon est arrivé à bout d’une rénovation de longue haleine. C’est en 2005 que la municipalité bourguignonne a démarré son projet de modernisation d’un des plus anciens musées de France qui avait été laissé dans son jus depuis l’après-guerre. Ce chantier de 60 millions d’euros a consisté à restaurer l’ancien palais des ducs de Bourgogne, mais aussi à le transformer par endroits afin de l’adapter aux standards d’accessibilité et de confort d’un grand musée du XXIe siècle. Des travaux qui n’ont pas été sans polémique.
Les interventions très visibles de l’architecte Yves Lion – qui a notamment marqué l’emplacement du nouvel ascenseur d’un geste architectural en forme de toit-façade doré [voir illustration] – ont été effectivement décriées concernant un monument classé, il est vrai très modifié au cours du temps. Pour la refonte totale du parcours de visite, la municipalité a choisi le temps long, prenant pour ligne de conduite de ne jamais fermer complètement le lieu au public. Afin de toujours donner à voir une partie des collections, il a été décidé dans les premiers temps du chantier de procéder tranche après tranche. Ainsi, en 2013, seules les nouvelles salles d’art du Moyen Âge et de la Renaissance ont été inaugurées (lire JdA n° 397 du 20 septembre 2013). Mais cette première mouture, qui aurait du être définitive, n’a finalement pas survécu à la suite du chantier : ces œuvres anciennes ont pour la plupart été déplacées entre janvier et mai dernier afin de s’intégrer avec plus de fluidité au circuit final, qui va de l’Antiquité à nos jours.
Depuis le 17 mai, le visiteur se voit offrir (au sens littéral, l’accès aux collections du musée étant gratuit) un nouveau parcours permanent de cinquante salles (*) qui s’étale sur 5 000 m2. C’est beaucoup ! La rénovation du musée, qui comprenait le déménagement à l’extérieur des réserves et des bureaux, a considérablement augmenté les espaces d’exposition permanente, autrefois bien étriqués.
Paradoxalement, le nombre d’œuvres exposé a diminué. Le musée, qui n’exposait avant sa rénovation que 17 % de ses collections présente aujourd’hui 1 500 œuvres, « 500 de moins qu’avant », reconnaît Sandrine Balan, conservatrice en chef au musée. C’est là le résultat d’un nouvel accrochage très aéré, parfois même un peu dépouillé, et qui délaisse largement les objets antiques (souvent de petite taille), autrefois bien mis en valeur. Sans doute cette présentation pourra-t-elle être densifiée au rythme des restaurations des peintures, sculptures et objets d’art (le musée en a déjà rafraîchi 1 000).
Le parcours chronologique, qui confronte les différents types de médiums et est doté d’une médiation de bonne facture, est cependant stimulant. Certains se réjouiront de voir apparaître sur les cimaises des pièces exceptionnelles au parfum d’inédit : ainsi cette rare pendule allégorique attribuée à André Charles Boulle, qui sommeillait en plusieurs morceaux dans les réserves avant de passer entre les mains des experts du Centre de recherche et de restauration des musées de France. D’autres découvriront avec joie les œuvres qui ont fait depuis longtemps la renommée du musée. Georges Salles, directeur des musées de France entre 1940 et 1950, disait du Musée des beaux-arts de Dijon qu’il était « le plus beau musée de France après le Louvre ». On pourrait être tenté de l’approuver en contemplant la richesse des pièces médiévales que comprend le fonds bourguignon : ainsi les fameux tombeaux de Philippe le Hardi, de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière et leur pleurant d’albâtre, les inestimables retables de la chartreuse de Champmol, l’exceptionnel panneau de La nativité du Maître de Flémalle ou les irrésistibles fonds d’or de Konrad Witz (L’empereur Auguste et la Sybille de Tibur).
Les œuvres des périodes plus récentes forment un ensemble moins inoubliable, émaillé de beaux numéros avec une élégante Dame à la toilette de l’École de Fontainebleau, un majestueux Portrait de Gentilhomme de Frans Hals, un touchant et modeste Souffleur à la lampe de Georges de La Tour, un monumental et très romantique Cantique des cantiques de Gustave Moreau, un saisissant paysage de mer de Gustave Courbet (La trombe, Étretat) et le plus grand tableau connu de Maria Helena Vieira da Silva (Urbi et Orbi).
Parfois, c’est une salle entière du musée qui fait œuvre : ainsi la salle dite « des statues », vestige des premiers temps du musée à la fin du XVIIIe, où se déploient des moulages de statues antiques, un décor de frises et de rosaces, et au plafond, une vaste peinture de Pierre Paul Prudhon représentant la glorification de la Bourgogne. Ayant fait l’objet d’une restauration en profondeur, c’est un des bijoux de ce long chantier d’envergure.
(*) Une coquille s'est glissée dans l'édition du JdA n°524 du 24 mai 2019, il s'agit en effet de 50 salles et non de 5.
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Dijon redécouvre son Musée des beaux-arts transformé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°524 du 24 mai 2019, avec le titre suivant : Dijon redécouvre son Musée des beaux-arts transformé