DIJON
Née au XVIIIe siècle sur les fondements d’une école de dessin, l’institution dijonnaise s’est enrichie au fil du temps grâce, notamment, aux dons de généreux bienfaiteurs.
Le 17 mai, le compte à rebours installé depuis un an dans le hall de la mairie de dijon achèvera officiellement sa mission : informer les citoyens sur la date de réouverture de leur musée, au terme d’un chantier colossal. l’installation de cet outil et l’abondante communication des édiles, notamment via l’installation de tableaux du musée dans les vitrines d’une célèbre galerie commerçante, en dit long sur l’importance de cette institution dans la vie de la cité. un ancrage séculaire, puisque les racines du musée remontent au règne de louis XV.
Ancestral, l’établissement est aussi le fruit d’une histoire unique, emblématique du siècle des lumières. au commencement, il n’était en effet pas question de musée mais d’une école : l’école de dessin de dijon fondée par l’artiste françois devosge. à l’époque, plusieurs villes fondent des écoles similaires, publiques et gratuites, mais celle de dijon se distingue par son accessibilité. ouverte à tous les milieux sociaux, elle s’adresse autant aux graines d’artistes qu’aux artisans les plus humbles. outre les aspirants peintres, sculpteurs et architectes, elle compte ainsi sur ses bancs des ornemanistes et même des serruriers. cette politique d’ouverture lui attire un immense succès puisqu’en 1767 la première promotion accueille trente élèves, la seconde déjà cinq fois plus.
L’autre marque de fabrique de l’établissement est sa grande ambition, étroitement liée au patronage de la puissante dynastie des condé, une branche de la famille royale dont le destin se confond avec les états de bourgogne depuis le xviie siècle. pour les illustres gouverneurs de la province, l’école est donc également un outil de rayonnement. c’est pourquoi ils instaurent un prix de rome pour tenter de rivaliser avec l’académie royale de peinture et de sculpture. tout comme les lauréats du prix « officiel », les récipiendaires bourguignons sont donc envoyés, tous frais payés, dans la ville éternelle pour parfaire leur formation en se confrontant aux modèles les plus estimables. les pensionnaires, un sculpteur et un peintre, envoient ensuite leurs travaux, majoritairement composés de copies de statues antiques et de tableaux des grands maîtres italiens. l’aventure de cette bourse alternative est éphémère : quatre promotions seulement feront le voyage en italie. elle s’avère toutefois décisive car ces envois forment le noyau du musée.
Alors que les envois de rome étaient à l’origine destinés à embellir le palais des états de bourgogne, louis-joseph de bourbon, prince de condé, décide que les plus belles pièces seront finalement réunies dans deux salles ouvertes au public : le salon condé et la salle des statues. le premier espace est dédié à la peinture et abrite, entre autres, un cycle de batailles réalisé par bénigne gagneraux, tandis que le second est un écrin pour les plus belles copies d’antiques, dont le gladiateur borghèse par petitot. exemple remarquable d’œuvre d’art totale de l’ère néo-classique, cette salle est une petite merveille et une ode à l’enseignement des arts, car, outre les statues qu’elle abrite, ses murs sont scandés de hauts-reliefs sculptés par les élèves et son plafond est orné d’une grande peinture exécutée par prud’hon lors de sa résidence en italie.
Ces deux salles spectaculaires forment l’embryon du musée qui ouvre ses portes en 1787 à un public restreint et choisi. ce noyau s’enrichit rapidement grâce aux dons des élèves mais, surtout, à la faveur de la révolution. personnalité de premier plan, le directeur de l’école, françois devosge, est alors mandaté pour dresser la liste des biens méritant d’être préservés dans les institutions et édifices religieux et chez les émigrés. c’est notamment par son entremise que sont conservées les pièces provenant de l’abbaye de cîteaux et de la nécropole ducale de champmol, dont les iconiques tombeaux.
En 1799, c’est ainsi un muséum considérablement enrichi que peuvent arpenter tous les visiteurs. à partir de cette date, les collections ne cessent d’ailleurs de croître grâce à l’action publique, puisque le site bénéficie de plus de quatre cents dépôts de l’état en sa qualité de musée de province, mais aussi grâce aux libéralités d’une foule de bienfaiteurs qui concèdent de généreux dons et legs. les inventaires recensent ainsi pas moins de sept cents donateurs dont de nombreux artistes, sensibles à l’histoire de l’établissement et à son rôle pédagogique. à l’instar du couple trimolet qui offre plus de deux mille peintures, dessins, meubles et objets d’art. ces libéralités conjuguées à une précoce, et active, politique d’acquisitions font du musée l’un des plus riches et encyclopédiques de france, avec 130 000 pièces couvrant cinq continents, de l’égypte antique au xxie siècle. pour déployer tous ces trésors, le musée a progressivement colonisé son écrin jusqu’à occuper une surface de 4 200 m2 dans un complexe architectural composite, dont la construction s’étend du moyen âge à l’époque contemporaine en passant par hardouin-mansart. un complexe hors norme totalement rénové et sublimé, à redécouvrir à partir du 17 mai.
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Découverte : Le musée des Beaux-Arts de Dijon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Découverte : Le musée des beaux-arts de dijon