En travaux continus depuis 2006, le Musée des beaux-arts de Dijon sera achevé en 2020 avec une étape importante en septembre prochain.
DIJON - Le chantier de rénovation du Musée des beaux-arts de Dijon bat son plein. Après une fermeture au public de deux mois pour pouvoir poser de nouveaux sols, le musée rouvre partiellement le 29 mars. Les travaux, initiés en 2006, doivent s’achever en 2020. Cette rénovation, Sophie Jugie, conservatrice au musée depuis 1992 et directrice depuis 2004, l’a longtemps attendue. Fondé en 1787 dans le Palais historique des ducs de Bourgogne, le Musée des beaux-arts de Dijon, un des plus anciens de France, est resté en l’état depuis les grands travaux menés par Pierre Quarré durant l’après-guerre. Pâtissant d’un espace étriqué, il ne pouvait présenter que 17 % de ses collections.
Durant ses trente années de mandat, l’ancien maire Robert Poujade, avait renvoyé le projet de reconfiguration, colossal, à ses successeurs. En 2001, le maire actuel François Rebsamen (PS) fait de cette rénovation une mesure phare de son programme électoral. Le projet, estimé à 60 millions d’euros, avec des financements de la Ville, du Grand Dijon, du Conseil régional de Bourgogne et de l’État, est voté en 2005. Il consiste à redistribuer les espaces de l’institution pour consacrer le palais à l’exposition des collections permanentes et en augmenter les surfaces. Dans ce dessein, sont bâties des réserves extérieures (en service depuis 2010) tandis que les bureaux de la conservation et le service pédagogique du musée sont déplacés dans l’Église Saint-Étienne, appelée à devenir également un lieu d’exposition temporaire au cours des années à venir. L’adjonction d’espaces d’accueil, d’un café et d’un ascenseur dans des espaces acquis par la Ville à partir de 2005 doit participer à bâtir un musée « répondant aux besoins du XXIe siècle ». Des choix très contemporains ont été effectués pour l’architecture. Les toitures de la cour de Bar qui distribue les ailes du musée se voient dotées d’une extension cubique dorée. Un ajout très décrié par les Dijonnais mais assumé par Éric Pallot, architecte des Monuments historiques, qui refuse l’illusionnisme architectural au sein d’un bâtiment au style composite qui, du XIVe au XIXe siècles, a reçu de nombreuses adjonctions.
Pour la muséographie, Sophie Jugie a regardé du côté des musées anglo-saxons et des très pédagogiques period rooms. Au modèle « petit Louvre » découpé par écoles et par médiums (peintures/sculptures…) imaginé par Pierre Quarré, elle a préféré, notamment pour les collections européennes, un parcours chronologique accueillant toutes les techniques.
Des travaux découpés en tranches
Afin de ne jamais fermer totalement le musée au public, le chantier se déroule par tranches successives. Les départements dédiés à l’art des XVIIe-XVIIIe siècles et des XIXe-XXe siècles, placés dans des ailes de la même époque, devraient respectivement ouvrir en 2016 et 2018 tandis que le parcours médiéval-Renaissance, implanté au sein du palais ducal et la galerie de Bellegarde nouvellement restaurée, sera inauguré en septembre 2013. Ce dernier exposera les œuvres les plus emblématiques du musée, qui témoignent de l’héritage prestigieux des ducs de Bourgogne (XIXe-XVe siècle) tel le retable de Melchior Broederlam (fin XIVe siècle) conçu pour la Chartreuse de Champmol et La nativité (vers 1435) de Robert Campin, formé à Dijon.
Aux côtés de ces deux chefs-d’œuvre des origines de la peinture primitive flamande, les tombeaux des ducs retrouveront leurs pleurants dans la salle des gardes restaurés. Véritables ambassadeurs du musée dijonnais depuis 2010, les pleurants sculptés par Jean de La Huerta et Antoine Le Moiturier entre 1443 et 1447 pour veiller le gisant de Jean sans Peur ont circulé entre le MET et autres institutions américaines, Bruges et Berlin. Ils achèvent leur tournée à Cluny au sein de l’exposition « Larmes d’albâtre », où le public peut les admirer gravir lentement une rampe tel un cortège funéraire, dans une scénographie inédite jusqu’au 27 mai. Partis en 2010, ils regagneront le musée en septembre pour une procession triomphale rappelant l’entrée de Charles le Téméraire dans la Ville. Selon Yves Berteloot, adjoint au maire délégué à la culture et au patrimoine, l’événement « devrait attirer le public en masse ». « On espère accueillir trois, voire quatre fois plus de visiteurs à la fin du chantier », affirme-t-il, espérant que les chiffres de fréquentation du musée, (200 000 visiteurs en 2005 et 150 000 en 2012), explosent comme ceux du Musée Fabre de Montpellier et du Musée des beaux-arts de Lyon, dont les rénovations se sont achevées en 2007 et 2008.
Placé en 17e position en 2005 et 26e en 2012 dans le classement général des musées des beaux-arts du Journal des Arts, le Musée de Dijon, décrit en 1949 comme « le plus beau musée de France après le Louvre » par l’historien d’art Georges Salles, espère renouer avec cet héritage et s’imposer parmi les plus importants musées de province. Passant de 3 500 m2 à 5 200 m2, les espaces d’exposition restent cependant limités par le cadre architectural. Mais tout cela a donc un coût, et il n’est pas certain que la Ville maintienne à terme la gratuité d’entrée.
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Les grands travaux du Musée des beaux-arts de Dijon
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Abonnez-vous dès 1 €Travaux de rénovation du musée des beaux-arts de Dijon. Ici, la salle des gardes, qui rouvre en septembre 2013. © MBA Dijon.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°388 du 29 mars 2013, avec le titre suivant : Les grands travaux du Musée des beaux-arts de Dijon