Vêtus de manteaux blancs, muets d’affliction et courbés par le chagrin, de même taille ou presque, ils sont quarante à composer cette lente et silencieuse procession. Clercs, moines, chantres, évêques, un à un ils manifestent à leur façon une respectueuse dévotion envers le défunt duc de Bourgogne, Jean sans Peur.
L’un pleure, l’autre prie, le troisième a rabattu son chaperon et avance les bras croisés, celui-ci se recueille, celui-là lit un psautier. Ces statuettes en albâtre d’environ 42 cm de haut sont toutes d’une qualité d’exécution inestimable et d’une élégance inégalée. Sculptées entre 1443 et 1470 par deux maîtres du genre, Jean de la Huerta et Antoine Le Moiturier, elles constituent un des plus parfaits exemples de l’art funéraire médiéval. Le raffinement des drapés, la finesse des visages, la délicatesse des mains qui égrènent le chapelet, les larmes au bord des yeux font de ces figurines de véritables chefs-d’œuvre dont le poli des surfaces accueille et renvoie tour à tour la lumière.
Durant sa fermeture pour restauration, le Musée des beaux-arts de Dijon, où ils se trouvent depuis plus de cinq siècles et d’où ils n’étaient jamais sortis, a décidé exceptionnellement d’extraire de leurs arcatures et de faire voyager les pleurants qui décorent le bas du tombeau ducal. Après leur périple américain, les petites statues effectuent une tournée en Europe. Bruges, Berlin et bientôt Paris accueillent ce cortège endeuillé qui garde dans la peine une magnifique éloquence des formes. Pour la première fois, le visiteur peut, à hauteur de regard, en admirer la beauté intemporelle et en percevoir à sa guise tous les détails.
Bode Museum, Museum Insel, Am Kupfergraben 1, Berlin (Allemagne), www.smb.museum.de
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Cortège de larmes
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : Cortège de larmes