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Devant la Tate Modern, manifestions contre le mécène Len Blavatnik 

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 29 juillet 2024 - 476 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Mécène unique de la grande extension du musée londonien, Len Blavatnik est accusé de menaces sur la liberté de la presse en Israël.

La terrasse de l'extension de la Tate Modern face à une des 4 tours en verre du complexe immobilier Neo Bankside © Photo Ludovic Sanejouand 2016
La terrasse de l'extension de la Tate Modern face à une des 4 tours en verre du complexe immobilier Neo Bankside.
© Photo Ludovic Sanejouand, 2016

Le 21 juillet dernier, un groupe d’activistes israéliens du mouvement WeDemocracy manifestait devant la Tate Modern. « Blavatnik, ne détruit pas la liberté de la presse » scandaient-ils, devant la nouvelle aile de la Tate qui porte le nom du milliardaire américano-britannique, mécène majeur du musée, et accusé de mettre ses médias israéliens au service du gouvernement. Parmi eux, certains arboraient des masques représentant les visages de Len Blavatnik et de Benjamin Netanyahu, soumettant symboliquement la chaîne d’info israélienne Channel 13.

Les manifestations conduites par des activistes israéliens basés à Londres font suite à la récente mobilisation de journalistes israéliens. Ces derniers ont rejoint le « Emergency Conference to Save Channel 13 » afin de s’organiser contre une menace d’ingérence du gouvernement Netanyahu dans les chaînes d’infos du pays. 

« Nous avons le sentiment qu’on est face à un monstre puissant, sophistiqué et que nous n’avons pas moyen de lutter » expliquait le journaliste Raviv Drucker. Le journal Haaretz a publié un article « d’opinion » qui accuse Len Blavatnik d’être responsable de la nomination de Yulia Shamalov-Berkovich, une proche du premier ministre, à la tête de la Chaîne 13 et titre « Un jour historique dans la destruction de la liberté de la presse d’Israel »

Len Blavatnik, propriétaire de la deuxième chaîne d’info d’Israël, est mis en cause depuis que le journaliste d’investigation Raviv Drucker a été interdit d’antenne un mois après l’arrivée de la nouvelle directrice de la chaîne. L’émission « Warzone », la plus regardée de la chaîne a brusquement disparue des antennes. L’émission couvrait principalement les opérations de l'armée et les décisions du Premier ministre Benjamin Netanyahu. 

Le magnat des médias, également propriétaire de Warner Music et du fond d’investissement Access Industrie, a fait l’un des dons les plus importants reçus par le musée londonien : un record de 50 millions de dollars. Cette somme a permis de financer la construction du « Blavatnik Building », qui a ouvert ses portes au public en juin 2016. La nouvelle aile du musée a accueilli six millions de visiteurs depuis son ouverture. Au Royaume-Uni, la Blavatnik Family Foundation finance de nombreuses institutions culturelles et des expositions du V&A, de la National Portrait Gallery, du Courtauld Institute of Art ou encore du British Museum

« Nous ne pouvons pas autoriser la chaîne 13 à devenir un nouveau porte-parole pour Netanyahu dans sa route vers la dictature » explique Aviel Lewis, l’une des manifestantes sur instagram. Le porte-parole d’Access Industrie nie toute responsabilité de Len Blavatnik dans la nomination de Yulia Shamalov-Berkovich comme CEO de la chaîne. Selon le porte-parole, la décision aurait été prise par un comité indépendant. « Len Blavatnik est pro-Israel, pas pro-Netanyahu ni aucun autre parti politique » explique-t-il. En 2020, selon TimesofIsrael, la chaîne avait pourtant déjà licencié 42 journalistes parmi les plus critiques à l’égard de Netanyahu.

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