COLMAR [24.05.13] - Après l’interruption d’un chantier de restauration controversé car précipité en 2011, le processus de « rafraichissement » du retable d’Issenheim reprend pas à pas. L’oeuvre fait actuellement l’objet d’une étude approfondie par des experts du C2RMF.
Une équipe de restaurateurs du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) a entamé le 22 mai 2013 une étude approfondie du retable d’Issenheim au Musée d’Unterlinden, à Colmar.
Cette étude, qui doit cartographier les altérations du chef-d’œuvre du début du XVIe siècle peint par Matthias Grünewald et sculpté par Nicolas de Hagueneau, vient relancer un projet de restauration qui avait suscité il y a deux ans une vive controverse.
En juillet 2011, la directrice du musée Unterlinden Pantxika de Paepe avait marqué sa volonté de faire coïncider les travaux de rénovation du musée d’Unterlinden (en cours) et la restauration de l’œuvre phare de l’établissement. Deux restauratrices avaient alors commencé à intervenir sur l’œuvre, allégeant rapidement et à grands coups de solvants (pour ne pas atteindre la touche picturale, selon l’institution) le vernis du panneau La tentation de Saint-Antoine.
Le monde de l’art avait alors fortement décrié un geste précipité et interventionniste sur une œuvre en bon état de conservation et dont la restauration avait fait l’objet de réserves de la part du comité scientifique consulté la veille de la première intervention.
Le chantier s’était arrêté net, en août 2011, au milieu du nettoyage du panneau de La rencontre de Saint Antoine à Saint Paul l’ermite, sur injonction du Ministère de la Culture.
Le Musée Unterlinden, qui avait alors argué vouloir effectuer un « nettoyage test » avant d’approfondir ses études, a depuis fait machine arrière en commandant au C2RMF une étude approfondie pour préfigurer toute nouvelle restauration.
A Anthony Pontabry, qui dirige l’équipe d’experts, de dérouler aujourd’hui un calendrier à rallonge destiné à donner à chaque étape du processus le « temps de la réflexion ».
Alors que les deux mois consacrés à synthétiser la documentation existante sur l’œuvre viennent de s’achever, toutes les parties du retable sont mises à l’examen, au premier rang duquel celles qui ont déjà fait l’objet d’une intervention. Anthony Pontabry l’affirme : les œuvres déjà traitées n’ont pas été endommagées et sont toujours recouvertes d’un peu de vernis protecteur.
Entre le 22-29 mai, le 3-5 juin et le 18-21 juin défileront 15 spécialistes de la couche et du support picturaux et de la sculpture polychrome que le public pourra observer au travail.
Après « une période de questionnement » estivale, une étude de faisabilité sera présentée en novembre devant une commission composée du musée d’Unterlinden et du laboratoire du C2RMF. Ceux-ci décideront si l’œuvre doit poursuivre sa restauration et à quel degré.
Pour Anthony Pontabry, il ne fait aucun doute que l’œuvre bénéficiera de nouvelles interventions. Après deux jours à étudier la couche picturale du retable, perché sur un échafaudage, il prévoit, par exemple, de proposer dans son rapport l’ajout d’un vernis pour homogénéiser la lecture de La rencontre de Saint Antoine et Saint Paul L’Ermite, dont les pigments se sont oxydés.
La restauration –d’un coût de 341 000 euros à répartir entre l’Etat, la Région, la fondation du patrimoine, des mécènes et la Société Schongauer qui gère l’administration et le financement du musée - ne se déroulera pas avant 2014, « voir 2015 », selon Anthony Pontabry, en raison de travaux à venir dans la chapelle où est exposé le retable.
L’urgence est ailleurs et les experts s’y sont déjà attelés : élaborer en concertation avec les pompiers de la ville un système d’évacuation rapide de l’œuvre - ceinturée d’une structure métallique - en cas d’incendie.
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Des experts en restauration examinent à nouveau le retable d’Issenheim
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Abonnez-vous dès 1 €Le retable d’Isenheim tel qu’exposé au musée d’Unterlinden de Colmar - © Photo Edelseider - 2010 - Licence CC BY-SA 2.0