COLMAR
COLMAR [10.12.15] – Le Musée Unterlinden a communiqué au Journal des Arts les résultats de l’étude indépendante menée après la première phase de restauration du Retable d’Issenheim qui avait suscité la polémique. La restauration n’a pas endommagé le panneau et la restauration va se poursuivre.
C’est au cœur de l'été 2011 que la polémique éclate : le Retable d'Issenheim, joyau des collections du Musée Unterlinden de Colmar, aurait été victime d'une restauration « imprudente » menée au début du mois de juillet. En cause : un procédé utilisé pour amincir le vernis jaunis aurait pu altérer la couche picturale du panneau L'Agression de saint Antoine par les démons, mettant en danger le chef-d'oeuvre de Grünewald. La presse s'affole, le musée s'explique et tente de temporiser, le ministère finit par stopper net le travail de restauration à peine commencé.
Plus de quatre ans après, à quelques jours de l'inauguration de l'extension du musée, la directrice et conservatrice du Musée Unterlinde, Pantxika De Paepe peut l'affirmer : « la restauration s'est faite à l'époque dans les règles de l'art ».
C'est la conclusion d'une étude indépendante conduite de janvier 2013 à avril 2014 par le restaurateur en oeuvres d'art Anthony Pontabry, désigné en octobre 2012 pour conduire une batterie d'examens sur le retable. L'étude a enfin été présentée le 6 novembre dernier au comité scientifique de restauration complété depuis 2011 par Vincent Pomarède et par Sophie Jugie, respectivement directeur du département des peintures et directrice du département des sculptures au Musée du Louvre.
« La restauration a été bien faite, le produit employé était le bon. La couche picturale n'a pas été touchée et la restauration va pouvoir se poursuivre », explique Mme De Paepe.
Au musée, on reconnaît que la phase d’amincissement de vernis, faite en public en 2011, a pu effrayer certains visiteurs peu habitués à voir les techniques utilisées par les restauratrices sur le panneau. Autre erreur, le panneau La Visite de saint Antoine à saint Paul ermite a été l’objet d’un début d’amincissement dans sa partie supérieur droite, ce qui n’était pas prévu dans le cahier des charges des restauratrices. A l’œil nu, la différence de polychromie est frappante, révélant un bleu azur et une fine topographie sous la couche jaunie du vernis.
A toute chose malheur est bon : cette nouvelle étude, conséquence de la polémique de 2011, a révélé beaucoup d'informations sur les parties sculptées du retable, œuvre de l'ébéniste Nicolas de Haguenau. Grâce à de nouvelles techniques, la polychromie que d'aucuns pensaient être du XVIIIe siècle s'est avérée être d'origine, vers 1512-1516.
D'ici fin avril 2016, le musée devrait rendre son cahier des charges pour sélectionner une équipe de restaurateurs. A l'automne de l'année prochaine, la restauration sur place pourra se poursuivre, en commençant justement par les parties sculptées du cœur du retable.
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Retable d'Issenheim : une restauration dans les règles qui sera poursuivie
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