Entretien avec Clément Chéroux, docteur en histoire de l’art et diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. De 2007 à 2016, il a été conservateur puis directeur du cabinet de la photographie au Mnam-Centre Pompidou avant de rejoindre en 2017 le SFMoMA et de devenir, à 49 ans, le responsable du département de la photographie du MoMA.
Par l’excellence et l’inventivité de toute une génération depuis les années 1990 de chercheurs, de conservateurs, d’historiens, de commissaires et de directeurs dans ce domaine en France. La France est un pays qui aime la photographie et où l’on trouve une concentration d’institutions assez extraordinaires. Le fait que nous ayons travaillé avec Quentin Bajac au Centre Pompidou n’a pas joué dans cette nomination. C’est simplement un concours de circonstances, de parcours.
Il est vrai que dans notre façon de travailler, nous avons tendance, en France, à privilégier certaines intuitions, alors qu’aux États-Unis l’approche de la photographie est plus traditionnelle. Si l’on ne parle que du SFMoMA, j’ai fait beaucoup plus d’expositions thématiques que Sandra Phillips qui m’a précédé. Elle a certes signé des expositions thématiques marquantes, mais elle a surtout réalisé beaucoup de monographies. Par ailleurs, mon approche a toujours été holistique. Il est vrai qu’au MoMA, on a toujours eu tendance à opposer l’approche plus populaire d’Edward Steichen et l’approche plus conceptuelle, plus élitiste de John Szarkowski. Aujourd’hui, il s’agit de réconcilier les deux approches.
Quentin est arrivé à un moment de transition. Après le départ de son prédécesseur, Peter Galassi, son travail principal, en dehors des grandes expositions, a été d’accompagner l’évolution du département photo dans un contexte de débat sur la spécificité ou non du médium. Cette défense de la spécificité a été la stratégie principale pour faire en sorte que la photographie soit reconnue comme un art au XXe siècle et, pour qu’elle le soit, il a fallu absolument mettre en évidence ses caractéristiques propres : son aspect documentaire, sa reproductibilité… Cette stratégie a été efficace. Il n’y a plus aucun doute que la photographie est un art. En même temps, cette stratégie a eu le contre-effet de l’isoler des autres arts. Il s’agit aujourd’hui de la réintroduire dans le concert des arts tout en continuant à défendre sa spécificité. Depuis la réouverture du MoMA, les espaces consacrés à la collection permanente marquent très clairement cette interdisciplinarité.
Cela a été la grande différence entre les États-Unis et l’Europe jusque dans les années 2010. Alors que la Tate Modern et le Centre Pompidou étaient interdisciplinaires dans leurs espaces de présentation de la collection permanente, la photographie aux États-Unis était absente de ces espaces.
C’est le nombre de photographies détenues par le Museum of Modern Art (MoMA) de New York.
Le MoMA
Dès 1930, soit un an après sa création, le musée achète de la photographie. En 1937, il organise sa première exposition photo et, en 1940, crée un département de photographie, trois initiatives sans équivalent aux États-Unis ni ailleurs.
« Il y a au MoMA un mode de fonctionnement un peu différent qu’au Centre Pompidou. Le chef de département a davantage en charge la programmation et le mécénat pour l’acquisition et le montage d’expositions. » Quentin Bajac, 22 juin 2012, Le Journal des Arts.
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Clément Chéroux : « Il s’agit de réintroduire la photographie dans le concert des arts »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : ENTETIEN : Clément Chéroux Il s’agit de réintroduire la photographie dans le concert des arts