Si vous sentez une envie de réenchanter le monde, cherchez la Loire et longez-la jusqu’à Chaumont.
Bordant le fleuve sur deux kilomètres au cœur des paysages culturels du Val de Loire inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, ce petit bourg d’un millier d’habitants semble né des amours d’un fleuve sauvage peuplé de castors et d’un château de conte de fées. Juché au sommet d’un coteau, ce monument à la blancheur éclatante, flanqué de tours, aimante les regards.Pour accéder à ce château bâti à la fin du XVe siècle, qui fut tout au long de son histoire un creuset de la création, en se parant de somptueux décors voulus par Diane de Poitiers ou en résonnant des récitals de Francis Poulenc, vous n’aurez nul besoin de traverser une forêt maléfique ou d’affronter un quelconque dragon. En revanche, il vous faudra gravir le chemin qui y conduit, accompagné par le chant des grillons. Est-ce eux qui éveillent nos sens à la beauté du monde ? Ou les créations contemporaines qui investissent aujourd’hui le château et son parc ? Les deux sans doute.
Le Domaine de Chaumont-sur-Loire, dans son écrin de verdure et d’architecture dominant le fleuve, accueille chaque année, du printemps à l’automne, le Festival international des jardins, qui propose à des paysagistes du monde entier de créer des jardins éphémères et oniriques – cette année « jardins source de vie » – ainsi qu’une Saison d’art. Dans le parc historique, une grotte monumentale en céramique créée par Miquel Barcelo semble prête à nous happer comme la bouche géante d’un monstrueux animal. Dans les écuries, un homme assis sur un globe porté par une tortue, immense sculpture en terre de Gloria Friedman, questionne notre place sur la Terre et notre rapport à la nature. En face de l’asinerie, dans le pédiluve pour chevaux, Anne et Patrick Poirier nous transportent dans un Mundo perdido, un monde perduqui ressurgit à travers un ensemble de trois architectures en bronze doré à la feuille inspirées par le site de Tikal au Guatemala. Dans le château, une quarantaine de tableaux liés à la nature et au paysage de Vincent Bioulès célèbrent la couleur et la lumière, s’invitant ainsi au sein de l’utopie artistique qui se déploie dans le domaine, aux côtés des fabuleuses créations pérennes d’une quarantaine d’artistes, de la bibliothèque cristallisée de Pascal Convert aux constellations tissées de Sheila Hicks. Prenez garde ! Vous pourriez bien vous trouver ensorcelé au point de ne plus pouvoir quitter les lieux...
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Chaumont-sur-Loire, domaine des utopies artistiques
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°775 du 1 mai 2024, avec le titre suivant : Chaumont-sur-Loire, domaine des utopies artistiques