LAUSANNE / SUISSE
Le gouvernement vaudois relance le projet d’un nouveau Musée cantonal des beaux-arts, qui devrait être installé dans l’ancienne halle des Chemins de fer fédéraux.
Les amateurs d’art vaudois peuvent se réjouir, le nouveau Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne devrait enfin voir le jour. Installée au palais de Rumine depuis 1906, l’institution souffre d’un manque de place chronique. Un réaménagement autour de la construction d’une extension aurait impliqué des travaux pharaoniques bien trop coûteux, c’est pourquoi le déménagement des collections a fini par s’imposer.
Parmi onze sites en lice, le gouvernement vaudois a jeté son dévolu sur les halles des Chemins de fer fédéraux (CFF), situées à l’ouest de la gare de Lausanne. Ce choix est intervenu à peine un an après l’échec du projet de Bellerive, lequel prévoyait la construction d’un bâtiment en bordure du lac Léman par le cabinet zurichois Berrel Wülser Kräutler ; lors de la votation du 30 novembre 2008, la population locale s’était opposée à 52,4 % au financement par le canton du crédit d’études destinée à finaliser le projet (lire le JdA no 293, 12 déc. 2008, p. 3). À défaut d’un grand geste architectural, le musée sera donc relogé dans un bâtiment industriel datant de 1911, édifié en pleine zone d’activité ferroviaire.
Cependant, la transformation de la halle aux locomotives – dont certains éléments sont protégés – en une structure réunissant tous les critères de sécurité et de conservation nécessitera un concours d’architecture « restreint par procédure sélective ». Le budget du projet avoisinera les 75 millions de francs suisses (50 millions d’euros). Un jury opérera une première sélection de cabinets d’architectes à la fin de l’été, lesquels présenteront par la suite leurs projets de manière anonyme. Le lauréat sera désigné au printemps 2011, tandis que l’inauguration est prévue pour 2015, voire 2016.
Ce concours permettra d’attirer les célébrités habituées à faire des miracles à partir de structures existantes (Tadao Ando, David Chipperfield, Herzog & de Meuron…), mais peu enclines à participer à des concours généraux. Le prestige d’une signature est toujours un atout pour attirer les mécènes – le montage financier est celui d’un partenariat à parité entre le canton et des partenaires privés.
Création d’un « espace projet »
Selon le directeur des lieux, Bernard Fibicher, cette implantation « est une occasion inespérée de se forger une nouvelle identité. » Avec les 20 millions d’usagers de la gare adjacente (30 millions prévus en 2020), le musée devrait voir son public évoluer de manière radicale (il serait plus jeune, plus urbain, plus diversifié…), et passer de 30 000 à 100 000 visiteurs annuels. Idéalement, la surface actuelle serait triplée (pour atteindre 11 000 m2) et engloberait un « espace projet », dont la programmation, à la manière d’un centre d’art, suivrait l’actualité.
Articulé comme précédemment autour des cinq piliers que sont Abraham Louis Rodolphe Ducros, Charles Gleyre, Théophile Alexandre Steinlen, Félix Vallotton et Louis Soutter, le futur parcours des collections reflétera ce nouvel esprit d’ouverture en insistant sur les échanges entre l’art vaudois et l’extérieur. Les mécènes et les donateurs se tiennent quant à eux en retrait. Le marchand genevois Pierre Huber, qui avait présenté en 2005 sa collection d’art contemporain au musée lausannois alors dirigé par Yves Aupetitallot, n’a pas confirmé sa volonté d’offrir l’ensemble au musée.
Mais la galeriste Alice Pauli, Suzanne Dubois et la Fondation Jean-Planque, aux collections d’art moderne et contemporain très convoitées, n’ont, officiellement, pas renié leurs promesses. « Ils attendent d’être assurés d’une vraie volonté politique, et de découvrir le projet architectural pour adhérer pleinement à l’opération », tempère Bernard Fibicher, ajoutant qu’il en est de même pour les mécènes qui accompagnaient le projet de Bellerive. En tous les cas, « il faudra repartir à zéro. »
Si le projet n’est pas à l’abri d’une initiative populaire qui s’y opposerait, Bernard Fibicher se dit confiant : « La raison principale de l’échec du projet Bellerive était son implantation sur les rives du lac Léman. Ce nouveau site est industriel, sur un terrain presque invisible, et dès l’instant où l’on ne dépasse pas le gabarit des bâtiments existants, le risque d’opposition est nettement amoindri. » Il assure que le site bénéficie d’une grande adhésion populaire comme politique.
Le palais de Rumine devrait pour sa part devenir un pôle « sciences et histoire », avec le développement d’un projet commun entre les musées lausannois d’archéologie, de géologie et d’histoire naturelle.
Parallèlement au projet de nouveau Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, un important frémissement se fait sentir du côté des musées vaudois. Situé en lisière de l’agglomération lausannoise, à Ouchy, le Musée olympique (accueillant plus de 200 000 visiteurs par an) s’engage dans un projet d’extension qui entraînera sa fermeture durant deux ans. Cette nouvelle aile de quatre étages, dont deux en sous-sol, est censée accueillir les collections du musée qui ne cessent de croître lors de chaque olympiade.
L’occasion de remettre les lieux en conformité avec les normes environnementales et celles de sécurité incendie, et de les adapter sur le plan technologique et audiovisuel. Tout proche, le musée romain de Lausanne-Vidy (plus de 10 000 visiteurs par an) vient de demander un crédit d’ouvrage d’un montant de 2,7 millions de francs suisses (1,9 million d’euros) pour réaliser une extension à l’arrière de son bâtiment actuel.
Ainsi doté de nouveaux aménagements, le musée pourra développer ses activités pédagogiques et scientifiques. Enfin, à quelques dizaines kilomètres de là, le Musée Charlie-Chaplin devrait voir le jour d’ici à deux ans. Installé dans l’ancienne demeure de l’acteur et réalisateur de génie américain – le manoir de Ban à Corsier-sur-Vevey –, le musée programmé depuis 2002 attend le feu vert des autorités.
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Canton de Vaud - Lausanne reprend son souffle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Canton de Vaud - Lausanne reprend son souffle