Le Musée des beaux-arts de Lausanne peine à faire dialoguer les univers de Félix Vallotton et Alex Katz.
LAUSANNE - Qu’y a-t-il de commun entre Félix Vallotton et Alex Katz ? La confrontation entre le « nabi étranger » aux sympathies anarchistes et le peintre américain à l’imagerie publicitaire lisse tient du grand écart. Un océan, deux générations, un « monde » les séparent. Katz avoue n’avoir jamais été inspiré par Vallotton dont il connaissait mal l’œuvre avant ce rapprochement proposé par Bernard Fibicher, le commissaire de l’exposition et directeur du musée. Après une entrée en matière peu convaincante centrée sur les autoportraits, des similitudes se dégagent à partir de la deuxième salle de l’exposition dédiée aux paysages. On retrouve dans les extérieurs de Katz, comme Sunset 3, la même inclination pour les éclairages violents et les clairs-obscurs que dans les toiles de Vallotton particulièrement dans Soir, côte de Grâce. Les deux peintres accordent une grande importance à la lumière qui structure leurs compositions comme le montre Sous-bois à Honfleur exécuté en 1913 par Vallotton, confronté à His behind the back pass une huile sur panneau de Katz de 1979. Peintres inclassables, Vallotton et Katz partagent le même goût pour le travail en plein air. Les séances sur le motif accompagnées de moult croquis leur servent d’aide-mémoire avant l’exécution de leurs compositions en atelier.
À Lausanne, Vallotton « joue à domicile ». Le Musée cantonal des beaux-arts possède plus de 500 œuvres de l’artiste né sur les bords du Lac Léman, et rassemble le plus important fonds au monde. Une vingtaine d’entre elles est accrochée sur les cimaises du musée. Les autres proviennent de collections privées et de quelques institutions publiques. Elles dialoguent avec une quarantaine de toiles et dessins d’Alex Katz des années 1950 à aujourd’hui, sélectionnées avec l’artiste. Une partie des œuvres est la propriété du peintre, le reste a été glané dans de collections privées suisses, allemandes, espagnoles et italiennes.
Sueurs froides
Adeptes du style froid, ou cool style, Valloton et Katz aiment l’un et l’autre la stylisation, la recherche formelle et chromatique qui confère à leurs œuvres un parfum d’étrangeté, un côté artificiel. C’est ce parfum d’étrangeté que l’on retrouve dans leurs séries de portraits qui semblent s’attacher davantage à représenter des types humains que des êtres de chair et de sang. Grands admirateurs d’Ingres, tous deux éprouvent une fascination pour les figures féminines nues qu’ils n’hésitent pas à épingler dans des postures improbables, sans soucis de justesse anatomique sur des fonds uniformes de couleurs vives. On éprouve face à ces nus à l’érotisme glacial le même sentiment de malaise que dans cette exposition qui peine à réunir dans le même bain les petits tableaux très IIIe République de Valloton aux formats pop monumentaux de Katz..
Félix Vallotton - Soir, Côte de Grâce (1917) - Huile sur toile, 54 x 65 cm, collection particulière.
Titre original de l'article du Jda : "Un pas de deux malaisé"
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Félix Valloton : un pas de deux malaisé
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 9 juin, Musée cantonal des beaux-arts, Place. de la Riponne 6, Lausanne, tél 41 (0) 21 316 34 45, mardi-mercredi 11h-18h, jeudi 11h-20h, vendredi-dimanche 11h-17h
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°391 du 10 mai 2013, avec le titre suivant : Félix Valloton : un pas de deux malaisé