PARIS
Le monument parisien, qui achève la restauration de ses verrières, pourrait bénéficier d’espaces d’accueil dignes de ce nom dans les années à venir.
PARIS - « Le bijou de la capitale », « un joyau à ne pas manquer »… les commentaires des visiteurs sur TripAdvisor (1) ne tarissent pas d’éloges sur la beauté de la Sainte-Chapelle, châsse architecturale et vitrée imaginée par Saint Louis pour abriter les reliques de la Passion du Christ, des fragments qui seront dispersés à la Révolution. Rares sont ceux pourtant à ne pas déplorer les contraintes de visite de l’édifice de l’île de la Cité. « On est loin du recueillement », résume quelqu’un. Les travaux de restauration des verrières de la chapelle haute, qui sont allés bon train (2) de 2008 à 2014 et qui se termineront dans quelques mois (lire l’encadré), ne sont pas passés inaperçus. Bruit, poussière, échafaudages parasitant la vue…, « les dommages collatéraux ont été nombreux pour les visiteurs », déplore Isabelle de Gourcuff, administratrice de la Sainte-Chapelle et de la Conciergerie, sa proche voisine. « Mais on ne pouvait pas fermer le bâtiment pendant le temps de sa restauration, si ce n’est de manière extrêmement ponctuelle », justifie-t-elle.
L’édifice est en effet une place forte du tourisme. Passant pour la première fois la barre du million de visiteurs, il s’est placé – en dépit sa toute petite taille – en quinzième position des lieux les plus visités de Paris en 2013. Troisième monument le plus fréquenté du Centre des monuments nationaux (CMN), la Sainte-Chapelle est une source de recettes importantes pour cet opérateur de l’État qui s’autofinance à 84 % et redistribue ses recettes aux monuments les moins dotés dont il assure l’entretien et l’ouverture au public. « Nous n’avons pas minoré le tarif d’entrée du lieu durant le chantier afin de pouvoir financer nos restaurations, et nous espérons que les gens le comprennent », précise l’administratrice.
Files d’attente
Les nuisances des travaux ne constituent cependant pas les seuls reproches formulés par le public après sa visite du lieu. Située au cœur de l’ancien palais de la Cité (résidence et siège du pouvoir des rois de France du Xe au XIVe siècle) et occupée aujourd’hui par le Palais de justice de Paris, la Sainte-Chapelle multiplie en effet les contraintes. « Le CMN n’est affectataire que de la Sainte-Chapelle et d’aucun espace à proximité. Tous les services d’accueil ont donc dû être rentrés au chausse-pied », explique Isabelle de Gourcuff. Placé sous le même porche que celui du Palais de justice, l’accès à la Sainte-Chapelle nécessite un rigoureux contrôle de gendarmerie, tandis que la billetterie entraîne la formation d’une seconde file d’attente au pied de la chapelle.
Fréquemment comparée avec colère aux « marchands du temple » dans les commentaires de TripAdvisor, la boutique de souvenirs est également un motif de grogne récurrent chez les visiteurs. Installés au cœur de la chapelle basse, éludant toute possibilité d’immersion pour le visiteur, ses présentoirs ont gagné en volume au cours de ces dernières années. « Ceci n’est pas un accueil digne du lieu », reconnaît Philippe Bélaval, président du CMN, qui entend profiter du déménagement d’une partie du Palais de justice aux Batignolles (prévu en 2017 mais dont les dates de livraison n’ont cessé d’être repoussées) pour récupérer des espaces de l’administration judiciaire.
Le déplacement du tribunal de grande instance et de la Police judiciaire devrait libérer plus de 50 % des locaux du Palais de justice, aujourd’hui en partie visés par le CMN pour installer accueil, sanitaires, boutique et espace pédagogique. « Nous souhaitons principalement obtenir certains espaces de circulation du Palais actuel », explique Philippe Bélaval, qui lorgne sur un souterrain existant qui pourrait relier la Sainte-Chapelle et la Conciergerie dans un même parcours. L’occasion de donner une meilleure compréhension du palais de la Cité, lieu d’exercice du pouvoir sous les Capétiens.
(1) site offrant des avis d’internautes sur les établissements touristiques.
(2) grâce au mécénat des fondations Vélux qui a financé le chantier à 50 %.
La repose de la rose occidentale de la Sainte-Chapelle – dont les 136 panneaux achèvent actuellement d’être nettoyés et remis en plomb dans l’atelier Vitrail France au Mans - marquera la fin de la restauration des verrières nord de la Sainte-Chapelle entamée en 2008. Le retrait des échafaudages en février 2015 s’accompagnera d’un dépoussiérage minutieux d’une chapelle perturbée par le chantier. D’autres travaux devraient occuper le calendrier de 2017-2018 : les vitraux sud, restaurés dans les années 1970, devraient recevoir un système de verrières de doublage sur leur face extérieure, comme cela est aujourd’hui effectué sur les verrières nord, ce afin de parer à la pollution. Quant aux décors muraux peints, victimes de l’écaillement, ils devraient être restaurés à leur tour.
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Appel d’air pour la Sainte-Chapelle
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Abonnez-vous dès 1 €La Sainte-Chapelle du Palais sur l'île de la Cité - 8 boulevard du Palais, 75001 Paris - © Photo Didier B - 2005 - Licence CC BY-SA 2.5
La repose des vitraux de la Sainte Chapelle, après restauration. © Photo : ADN Paris – CMN.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : Appel d’air pour la Sainte-Chapelle