Musée

3 questions à… Ophélie Ferlier Bouat

directrice du Musée Bourdelle

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 21 octobre 2024 - 391 mots

Pourquoi avez-vous voulu faire dialoguer Bourdelle et Rodin dans cette exposition ?

C’est un projet ancien, mais qui ne s’était jamais concrétisé. Peut-être redoutait-on que Bourdelle puisse souffrir d’une comparaison avec Rodin, alors même qu’il avait cherché toute sa vie à se dégager de lui. Mais, depuis une dizaine d’années, un certain nombre d’expositions ont replacé Bourdelle dans une histoire de la sculpture. En faisant le point sur les rapports des deux artistes, cette exposition est leur conclusion logique. En effet, lorsqu’on évoque la sculpture française du début du XXe siècle, les noms de Rodin, Bourdelle et Maillol viennent immédiatement à l’esprit. Or Bourdelle et Rodin ont des liens extrêmement forts… Même après leur « rupture », qui en réalité n’en est pas une, leur dialogue artistique reste très fécond.

Comment racontez-vous leurs liens dans le parcours ?

Nous avons beaucoup travaillé avec les équipes du Musée Rodin pour trouver le regard le plus juste possible sur les deux artistes. Nous avons choisi de mettre en scène des dialogues artistiques puissants, pour raconter quelque chose de l’histoire de la sculpture du XXe siècle. Le parcours met d’abord en lumière ce qui lie ces deux sculpteurs lorsqu’ils se rencontrent : le goût du marbre, le travail de la matière. Puis, après avoir évoqué leur passion commune pour l’art ancien, se déploie une section sur le fragment, qui met notamment l’accent sur l’expressivité des mains et la puissance des torses, en convoquant d’autres artistes pour raconter le contexte artistique de l’époque. On s’intéresse ensuite au monumental et au rapport au socle, qui distingue les deux sculpteurs. L’exposition se poursuit en racontant leur fascination pour les métamorphoses et hybridations, à travers par exemple la figure du Centaure, et s’achève par une présentation de la postérité de L’Homme qui marche, à travers des œuvres de Germaine Richier, qui fut l’élève préférée de Bourdelle, et Alberto Giacometti.

En quoi cette exposition renouvelle-t-elle le regard sur Bourdelle ?

En mettant Bourdelle en regard avec ses contemporains, elle lui redonne sa juste place. Ces dernières années, un certain nombre d’expositions ont montré que la modernité en sculpture s’est construite surtout en rejetant le monstre sacré qu’était Rodin. Notre exposition démontre qu’on peut à la fois accepter et refuser son héritage. Elle propose de dépasser les cadres habituels de l’histoire de l’art au profit d’une démonstration plastique entre deux figures majeures.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°780 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : 3 questions à… Ophélie Ferlier Bouat

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