Située à mi-chemin entre Bruxelles, Charleroi et Tournai, Mons est une ville de patrimoine et d’histoire qui ne manque pas d’atouts. Elle compte sur son statut de Capitale européenne de la culture 2015 pour se faire mieux connaître et développer son économie.
Moins connue que ses voisines wallonnes, Mons compte sur son statut de Capitale européenne de la culture 2015 pour se dévoiler au plus grand nombre. Le chef-lieu de la province de Hainaut ne manque en effet pas d’attrait et jouit même d’un intéressant patrimoine, qui témoigne de son histoire pluriséculaire. Ses origines remonteraient au VIIe siècle, lorsque Dame Waudru érigea un oratoire sur la colline qui deviendra le cœur de Mons. On prête rapidement de nombreux miracles à sa fondatrice, déclarée sainte à sa mort, attirant pèlerins et marchands et participant à l’essor de la ville. Les comtes de Hainaut s’y installent et édifient une enceinte, ainsi au XIIe siècle Mons est déjà une agglomération fortifiée et prospère. De la ville médiévale ne demeure que de rares vestiges dont le tracé sinueux des ruelles étroites et pavées et quelques habitations. Le château comtal a presque entièrement disparu, n’en subsistent que son parc et sa chapelle Saint-Calixte. Plus ancien édifice de la ville, cette construction romane est située sur son point culminant à proximité du beffroi.
La fin du Moyen Âge est, en revanche, mieux représentée, notamment sur la Grand-Place. Le puissant hôtel de ville gothique, avec sa silhouette caractéristique à un étage, est d’ailleurs l’un des monuments préférés des touristes. Ils viennent entre autres y admirer la statue de petit singe qui orne sa façade. Si son origine reste mystérieuse, pour certains il s’agit d’une enseigne de taverne pour d’autres d’un pilori pour enfant, tous s’accordent sur ses vertus porte-bonheur. La collégiale Sainte-Waudru est l’autre édifice incontournable de la fin du Moyen Âge. Le petit oratoire de la sainte s’est mué au fil des siècles en chapitre noble. Construite à partir de 1450, son église collégiale affiche une allure massive et relativement austère de l’extérieur, mais dévoile en son sein une architecture plus séduisante. Ses vingt-neuf chapelles étant illuminées de grands vitraux, dont plusieurs verrières de la Renaissance, et l’édifice jalonné de belles sculptures de Jacques du Brœucq, maître artiste de Charles Quint.
Une balade dans Mons permet par ailleurs de découvrir des beaux monuments des XVIIe et XVIIIe siècles ; le beffroi bien sûr, mais aussi de nombreux lieux de culte. Ces monuments attestent du rayonnement de la ville au fil de son histoire. Mais c’est véritablement au XIXe siècle que Mons et ses environs, le Borinage, connaissent un essor considérable. Les charbonnages et nombreuses usines boraines contribuent à l’enrichissement de la province. Haut lieu de la révolution industrielle, elle vit ses heures de gloire jusqu’à ce que ce secteur d’activité périclite. À l’instar d’autres régions du nord de l’Europe, Mons et ses alentours ont mené au cours des dernières décennies une profonde réflexion sur leur reconversion. Reconversion économique tout d’abord, puisque la région a parié sur les industries créatives et les nouvelles technologies. Reconversion également culturelle, afin d’offrir au patrimoine désaffecté une nouvelle vocation et donner à la ville une nouvelle identité et un second souffle.
La renaissance montoise
Pour accueillir de nouvelles structures qui lui faisaient défaut, la ville a effectivement privilégié la requalification de sites étroitement liés à son histoire mais tombés en déshérence, plutôt que l’érection de monuments confiée à des stars actuelles de l’architecture. À deux exceptions près : la future gare de Santiago Calatrava et le nouveau centre des congrès de Daniel Libeskind. La vieille ville a donc bénéficié d’une vaste campagne de restauration couplée à de nombreux projets de réhabilitation. Les quatre nouveaux musées qui ouvrent le 7 avril ont de fait tous été implantés dans des lieux peu ou pas valorisés. L’ancien couvent des Ursulines, bel édifice du XVIIIe siècle, a lui aussi trouvé une seconde existence en devenant l’Artothèque : le cœur du pôle muséal qui gère et centralise désormais les collections montoises. Sous l’impulsion de l’année capitale, plusieurs sites ont connu une renaissance. Les anciens abattoirs sont devenus en 2006 un espace d’exposition et l’obsolète Musée des beaux-arts a fait l’objet d’une refonte complète et a rouvert en 2013. Cette mutation est particulièrement sensible dans le quartier baptisé « le kilomètre culturel ». Cette zone d’un kilomètre carré qui rayonne autour du siège de la Fondation Mons 2015 était encore récemment une ancienne friche militaire. Ses deux manèges militaires ont été requalifiés, le premier rénové et agrandi est devenu le Théâtre du Manège en 2006. Tandis que le Manège de Sury a été repensé pour servir d’espace d’exposition en 2015, avant d’héberger à partir de 2016 une pépinière d’entreprises innovantes. La caserne des pompiers s’est quant à elle transformée en Arsonic, lieu dédié au son et aux musiques émergentes, et l’ancienne école est devenue la Maison Folie qui propose des spectacles en tout genre. Enfin, outre les diverses interventions d’artistes programmées dans l’espace urbain, Mons s’est offert les services d’un ambassadeur belge : Arne Quinze. Son installation monumentale The Passenger investit la ville pendant cinq ans ; comme pour rappeler que 2015 n’est que le début d’une nouvelle ère.
A. Le Beffroi
Il est l’emblème de Mons qu’il domine du haut de ses 87 m. Construit au XVIIe siècle, il est le seul beffroi baroque de Belgique. Inscrit à l’Unesco depuis 1999, il était jusqu’à présent inaccessible. Au terme d’un vaste chantier, il rouvre enfin et se dote d’un centre d’interprétation. Objets et nouvelles technologies y retracent l’histoire de ce lieu iconique ainsi que son rôle dans la cité. L’ascension de ses 365 marches offre par ailleurs une vue spectaculaire sur la ville et ses environs.
Beffroi, rue des Gades, www.polemuseal.mons.be, ouverture le 7 avril.
B. Van Gogh à Mons
Qui se souvient aujourd’hui que Vincent van Gogh a non seulement vécu à Mons, mais que son séjour a eu une incidence cruciale sur sa vie. Le jeune pasteur hésitait alors encore entre sa vocation religieuse et la peinture. C’est dans le Borinage que son choix s’est concrétisé. Mons mise donc sur Van Gogh pour ouvrir en grande pompe son année capitale. Une exposition organisée au BAM (Beaux-arts de Mons) met en lumière cette courte mais décisive période, en montrant à travers soixante-dix peintures, dessins et lettres comment ont émergé ici les thématiques qu’il a ensuite développées. Par ailleurs, les deux maisons où il a vécu entre 1878 et 1880 ont été restaurées : la maison de Cuesmes (photo) a fait l’objet d’une refonte muséographique et celle de Colfontaine a été sauvée de la ruine. Elles sont également le point de départ de circuits sur les pas de l’artiste. Enfin, deux initiatives lui rendent hommage : une installation dans les jardins du Mayeur et un labyrinthe de huit mille tournesols qui viendra illuminer la Grand-Place en juillet.
« Van Gogh au Borinage. La naissance d’un artiste », BAM, rue Neuve 8, www.polemuseal.mons.be, du 25 janvier au 17 mai 2015.
C. Silex’s
Bien qu’inscrites à l’Unesco depuis 2000, les minières néolithiques de Spiennes n’avaient jamais été vraiment valorisées. C’est désormais chose faite grâce à la construction de Silex’s. Le centre d’interprétation rend accessible ce site archéologique qui illustre l’avènement des cultures néolithiques. Ce lieu d’extraction et de taille du silex est en effet l’une des premières exploitations industrielles et commerciales de l’histoire. La visite comprend une descente dans un puits ainsi qu’un parcours didactique.
Silex’s, rue du Point-du-Jour, Spiennes, www.polemuseal.mons.be, ouverture le 7 avril.
D. Mons Memorial Museum
Ville située à un emplacement stratégique, Mons a été au cœur des deux guerres mondiales. Zone de combat puis d’occupation, elle tient une place à part dans le tourisme de mémoire, notamment pour les Britanniques puisqu’ils y ont livré la première et la dernière batailles de la Grande Guerre. Cette histoire et son riche patrimoine disposent enfin d’un site dédié. L’ancienne machine à eau a été réhabilitée pour présenter les précieuses collections montoises relatives aux grands conflits de son histoire.
Mons Memorial Museum, boulevard Sainctelette, www.polemuseal.mons.be, ouverture le 7 avril.
E. Le Musée du Doudou
Le Doudou, c’est la grande fierté des Montois : la ducasse rituelle qui attire chaque année de nombreux touristes pendant le week-end de la Trinité. Issue de traditions populaires et religieuses, la manifestation débute par la procession du Car d’Or, portant les reliquaires de sainte Waudru, et se poursuit par un combat évoquant celui de saint Georges contre le dragon. Ce folklore est reconnu patrimoine immatériel de l’humanité depuis 2005. Un musée lui est désormais dédié dans l’ancien Mont-de-Piété.
Musée du Doudou, rue du 11-Novembre, www.polemuseal.mons.be, ouverture le 7 avril.
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2015, année "Capitale" pour la ville de Mons
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : 2015, année "Capitale" pour la ville de Mons