Economie

ÉCONOMIE CULTURELLE

Cap sur Mons 2025

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2019 - 599 mots

EUROPE

Conçu comme un outil de redéploiement économique, Mons 2015 a permis à la capitale de la province du Hainaut de lancer une nouvelle dynamique.

C’est le 18 novembre 2010, sept ans après le dépôt de sa candidature, que Mons, chef-lieu de la province du Hainaut en Wallonie, a été désignée Capitale européenne de la culture pour l’année 2015. Cette ville de 95 000 habitants, qui fut l’un des berceaux de la révolution industrielle, a longtemps souffert du processus de désindustrialisation, les mines de charbon, principales activités économiques, de la région, ayant progressivement disparu. La ville demeure encore l’une des régions les plus déshéritées d’Europe avec un taux de chômage de 21 % (contre 9 % pour l’ensemble de la Belgique), un PIB par habitant (22 700 euros) inférieur à la moyenne européenne et un pourcentage de 30 % de la population qui bénéficie du revenu minimum d’insertion sociale.

Mons 2015 a voulu, sous la houlette d’Elio di Rupo, maire de Mons de 2000 à 2018, inscrire la ville wallonne dans une nouvelle dynamique portée par l’innovation et la création. Ici, la stratégie de redéploiement économique est passée par la mobilisation des compétences artistiques et créatives de la région. La ville ne partait pas de zéro, loin de là et disposait, avant 2015, d’équipements culturels conséquents comme le Manège créé en 2002, le Théâtre royal, le Carré des Arts ou la Maison Folie. De nouveaux musées ont vu le jour dans le cadre de Mons 2015 doté d’un budget de 70 millions d’euros (création d’un nouveau pôle muséal sur trois sites, d’une nouvelle salle de concerts), constructions qui ont été accompagnées de nombreuses rénovations architecturales.

Fédérer les budgets et les équipes

Les principaux objectifs de Mons 2015 ? « Placer la ville sur la carte de l’Europe, augmenter de manière durable le nombre des visiteurs et disposer de retombées économiques six fois supérieures aux investissements de départ », explique Yves Vasseur, ancien commissaire général de la Fondation Mons 2015. Si la jauge de 2 millions de visiteurs escomptée pour l’année 2015 a bien été atteinte, le souhait exprimé de grimper de 250 000 visiteurs par an à 500 000 visiblement pas. En revanche, Mons est parvenue à gagner une meilleure visibilité à l’échelle nationale et internationale et ses investissements de départ ont bien été multipliés par six. Plus de 75 millions d’euros ont été dépensés dans le cadre d’activités touristiques et Mons 2015 a généré une augmentation de l’activité économique de 850 millions d’euros. En 2015, quelque 120 nouvelles activités commerciales ont démarré dans le Grand Mons.

Pour que la dynamique soit maintenue après 2015, une Fondation Mons 2025 a été créée et dotée d’une équipe d’une dizaine de personnes. « Nous avons voulu capitaliser dès le début sur cette année 2015, qui ne devait être qu’un point de départ en décidant d’organiser par la suite une biennale », souligne Caroline Kadziola, secrétaire générale de la Fondation Mons 2025. Avant Mons 2015, les différentes institutions culturelles ne communiquaient pas. Depuis, elles sont parvenues à travailler ensemble, réunissant en une même entité la Fondation 2025, l’ancien Manège rebaptisé Mars (Mons arts de la scène) et le pôle muséal de la Ville, chacun apportant son expertise, fédérant ainsi les budgets et les équipes.

Pour quels résultats ? Yves Vasseur, qui a quitté le navire pour partir en retraite en 2016 se dit déçu. Déçu de l’absence de volonté politique de la part de la nouvelle équipe municipale, aux affaires depuis 2018, de prolonger la dynamique. « Si l’on ne ranime pas plus régulièrement l’attractivité de la ville et l’envie de revenir à Mons, le bénéfice risque de s’étioler rapidement », déplore-t-il.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°516 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Cap sur Mons 2025

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