Alors que les musées cherchent par tous les moyens à attirer de nouveaux publics, deux expériences originales, venues d’outre-Manche, méritent d’être remarquées.
La première est née à l’initiative de l’Art Fund. Il y a quelques semaines, cette association caritative britannique a expérimenté à l’Institut Courtauld de Londres un dispositif permettant aux visiteurs de visualiser, en direct et en 3D, l’effet des œuvres d’art sur leur cerveau. Ils ont été équipés de casques sans fil munis de capteurs et invités à déambuler devant les œuvres, pendant que leur activité cérébrale s’affichait sur un écran situé dans la même pièce. Ils ont ainsi pu observer eux-mêmes les étonnantes variations de leurs ondes cérébrales : devant une œuvre abstraite, par exemple, elles se comportent comme si le cerveau essayait de trouver un sens ou de résoudre un problème, tandis que face à un célèbre autoportrait de Van Gogh, elles émettent un halo indiquant que le cerveau se sent en terrain familier. Évidemment, pour être intelligibles, les données ont été simplifiées, les scientifiques privilégiant l’enregistrement des ondes bêta du cerveau, c’est-à-dire celles qui correspondent à la pensée consciente. Il n’empêche, cette expérience a remporté un tel succès que plusieurs musées britanniques vont s’équiper de ce type de dispositif dans les prochains mois.
Une Œuvre Mangeable - L’autre exemple est d’une autre nature : il s’agit cette fois de la réédition d’une œuvre An Edible Family in a Mobile Home, une performance de l’artiste britannique Bobby Baker datant de 1976, recréée à la Tate Britain dans le cadre de l’exposition « Women in Revolt! Art and Activism in the UK 1970-1990 ». En poussant la porte d’un appartement témoin, on découvre une scène on ne peut plus banale. Allongée sur son lit, une adolescente écoute de la musique, pendant que son frère prend un bain ; dans le salon, le père est avachi devant la télévision à côté un bébé dans un berceau, tandis que la mère de famille se tient près de la cuisine. Pourtant, à y regarder de plus près, rien ne va : la femme a une théière en guise de tête, son corps est rempli de petits sandwichs, à la manière d’un garde-manger, et tous les autres personnages sont faits de gâteaux : cakes aux fruits pour le père, biscuits à la framboise pour le frère, meringues pour la fille. Quant à l’eau du bain, ce sont des copeaux de chocolat. Bref, cette œuvre d’art est entièrement… mangeable. Les visiteurs ne se sont d’ailleurs pas fait prier pour en déguster des morceaux. Ils ont ainsi participé à la performance, la partageant largement sur les réseaux sociaux, attirant à leur tour d’autres gens en quête d’une activité insolite.
Aussi différentes soient-elles, ces expériences ont en commun d’être ludiques et interactives, et c’est ce qui a séduit le public qui, aujourd’hui, ne veut plus se contenter d’être regardeur, mais cherche à être lui-même acteur. La bonne nouvelle, c’est qu’en la matière, les champs sont infinis, seules l’imagination et la créativité sont la limite.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Vous en reprendrez bien un morceau ?