Politique culturelle. La crise actuelle met l’éclairage sur deux freins dans la politique publique de soutien aux artistes : le manque de statistiques précises sur leurs profils et rémunérations, et des angles morts dans les dispositifs.
Combien y a-t-il d’artistes en France ? Un peu plus de 10 000 comme l’indiquait un rapport du ministère de la Culture en 2009 ? 4 000 comme en recense l’Artindex du Journal des Arts qui prend en compte ceux qui exposent dans des lieux référencés (musées, galeries, centres d’art) ? Plus problématique encore, comme le soulignait le récent rapport Racine, il n’y a pas de vision consolidée des droits perçus par les artistes, on ne connaît pas ceux qui ont une activité annexe ou principale, et « ceux qui n’ont pas vocation à vivre de leur art ». Bien difficile dans ces conditions de calibrer et de flécher les soutiens à apporter à une population aussi hétérogène.
Paradoxalement les artistes ne manquent pas de structures qui veillent sur eux. Outre le service des arts plastiques de la Rue de Valois et ses relais dans les Directions régionales des affaires culturelles, le ministère a délégué à son opérateur qu’est le Centre national des arts plastiques la promotion de la création contemporaine. C’est d’ailleurs lui qui gère les aides directes. À un niveau plus corporatiste, la Maison des artistes défend leurs conditions professionnelles, tandis que l’ADAGP collecte et redistribue les droits d’auteur. La Fondation des artistes, anciennement Fondation nationale des arts graphiques et plastiques revendique aussi d’« être au service des artistes de leur sortie de l’école à la toute fin de leur activité ». Sans compter l’Institut français au plan international.
Même si ces structures publiques et privées se chevauchent, elles ont une utilité spécifique. Pour autant, de même qu’il serait bienvenu d’établir enfin une cartographie des artistes, il serait tout aussi utile de faire un état des lieux des soutiens et services apportés par toutes les structures, d’identifier les aides qui manquent en fonction du profil des artistes, de les mettre en place et de les faire connaître.
Mais le meilleur des soutiens publics est encore de faire acheter ou commander par les musées et les Frac des œuvres aux artistes, par l’intermédiaire de leur galeriste quand ils en ont. Les sommes en jeu ne sont pas considérables : 5 000 euros par artiste pour les 4 000 de l’Artindex France, c’est un budget de 20 millions d’euros soit 0,3 % du Fonds de solidarité. Et cette dépense vient enrichir les collections publiques.
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Soutien aux artistes, premières leçons
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°544 du 24 avril 2020, avec le titre suivant : Soutien aux artistes, premières leçons