FRANCE
Les moyens exceptionnels du Cnap sont reconduits en 2021, mais le soutien aux galeries va prendre une forme différente.
Le soutien exceptionnel spécifique que va apporter l’État aux galeries à travers le Centre national des arts plastiques (Cnap) va rompre avec l’approche habituelle. En 2020, les galeries avaient pu bénéficier des mesures générales pour toutes les entreprises (report ou exonération de charges sociales, chômage partiel, prêt garanti par l’État) et de mesures sectorielles principalement constituées d’achats d’œuvres d’art par le biais du Cnap dont le budget adhoc avait doublé (+1,8 M€).
En 2021, alors que les aides générales privilégient la relance, le soutien du Cnap sera constitué d’aides directes. 2 millions d’euros, parmi les 2,272 millions d’euros de mesures nouvelles seront en effet distribués aux galeries d’art contemporain (les commerces qui ne font que du second marché sont donc a priori exclus), réalisant un chiffre d’affaires (CA) entre 80 000 euros et 800 000 euros, soit la très grande majorité des galeries. Selon une étude de 2013 du ministère de la Culture, seules 12 % des galeries réalisent un CA de plus d’1 million d’euros, soit une centaine de marchands, essentiellement parisiens. Les montants alloués seront forfaitaires : 4 500 €, 7 500 € ou 10 000 €, de sorte que si l’on prend une moyenne de 7 500 €, environ 250 galeries devraient pouvoir en profiter.
Marion Papillon, présidente du Comité professionnel des galeries d’art, reconnaît que c’est une aide bienvenue. « Les galeries ont des frais fixes importants, notamment les loyers qui sont plus élevés (environ 15 % du CA) que les loyers habituels des entreprises (entre 8 et 10 %), or seul un tiers des galeries ont obtenu une baisse de leur loyer. »
Le budget pour les acquisitions retrouve son étiage d’avant Covid (1,8 M€) avec une (petite) enveloppe exceptionnelle supplémentaire de 200 000 euros. Rappelons cependant qu’en euros constants, le budget était le double dans les années 2006-2009. Les crédits pour les dispositifs habituels, dont l’aide à la participation à une foire à l’étranger sont stables : 291 000 euros. Seule différence, mais notable, le montant maximum alloué augmente de 7 500 euros à 12 000 euros.
Une commission unique va gérer tous ces dispositifs et se réunira trois fois par an. La première aura lieu le 9 février 2021, mais la date de remise des dossiers est close.
Le budget pour les divers dispositifs de soutien aux artistes n’est pas pour autant négligé. Grâce au plan de relance (« Mesures nouvelles »), le budget pour les programmes habituels (soutien à un projet artistique, soutien à la photographie contemporaine) est doublé par rapport au budget 2020. Les dispositifs sont même simplifiés : il n’est plus nécessaire d’avoir un projet d’exposition pour solliciter des aides (pouvant aller jusqu’à 15 000 €) pour financer la recherche ou la production d’une œuvre.
Le fonds d’urgence créé en 2020 pour faire face au manque à gagner provoqué par la crise et doté de 1,5 million d’euros n’est pas reconduit en 2021, en revanche le budget du secours exceptionnel passe de 100 000 à 900 000 euros, grâce notamment à un apport de la Ville de Paris (130 000 €). Cette aide d’un montant de 1 500 euros (contre 1 000 € en 2020) est désormais ouverte aux critiques d’art, commissaires d’exposition qui rencontrent des difficultés financières momentanées. « La crise économique a privé de nombreux étudiants sortant des écoles ou universités d’art des petits boulots qui permettaient d’avoir un revenu », explique Béatrice Salmon, la directrice du Cnap. Afin d’aider davantage d’artistes-auteurs en précarité (le budget actuel ne permet de venir au secours que de 600 personnes), la directrice fait actuellement le tour des collectivités locales, notamment les Régions afin de trouver des financements complémentaires.
L’augmentation soudaine des dotations budgétaires et donc des demandes des bénéficiaires n’est pas sans poser des problèmes de gestion au Cnap qui ne peut compter que sur une dizaine d’agents pour gérer toute la chaîne. La dématérialisation des demandes qui passe désormais par le site du Cnap et la messagerie électronique permet de gagner du temps, mais ce n’est pas suffisant.
C’est d’ailleurs une des raisons qui explique le changement de philosophie de l’aide apportée aux galeries. Outre qu’une augmentation importante des acquisitions et commandes ne permet pas de tenir convenablement la ligne éditoriale du Cnap, ce dispositif est beaucoup plus lourd et coûteux (réunir les membres de la commission d’achat, réceptionner et entreposer les œuvres acquises) qu’une aide directe sous forme de virement bancaire.
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2 millions d’euros d’aides directes pour les galeries
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°558 du 8 janvier 2021, avec le titre suivant : 2 millions d’euros d’aides directes pour les galeries