PARIS
L’enquête menée par le CIPAC montre les conséquences variables de la crise sur les lieux de diffusion de l’art contemporain
La fédération des professionnels de l’art contemporain (CIPAC) a mené une enquête du 18 mars au 15 avril 2020 via un questionnaire en ligne afin d’évaluer les répercussions de la crise sanitaire sur les arts visuels. Pascal Neveux, le président du CIPAC, en commente les résultats.
Pourquoi avoir lancé cette enquête d’évaluation ?
Nous savions d’emblée que les répercussions de cette crise allaient être terribles. Nous avons jugé qu’il fallait faire un diagnostic dans l’urgence afin de pouvoir diffuser ces résultats rapidement.
L’enquête montre que plus de 50 % des activités de diffusion font l’objet de reports.
Oui, les grosses expositions, les temps forts, font l’objet d’un report à l’été 2021 – plus d’un tiers de ces activités de diffusion sont dotées d’un budget supérieur à 20 000 euros. En revanche, les micro-projets sont massivement annulés. On constate comme une évidence la moyenne très basse des budgets dont disposent les structures, plus de la moitié des activités annulées ou reportées correspondent à des enveloppes inférieures à 5 000 euros.
De quel type de structures s’agit-il ?
Des associations, des galeries associatives, des collectifs d’artistes. Ils composent à l’échelle du territoire un tissu très dense et d’une grande fragilité.
L’enquête souligne que la perte des recettes ou des subventions remet en question la pérennité de certaines structures. Lesquelles ?
Il s’agit des structures les plus modestes, qui fonctionnent avec des subventions de projets et voient celles-ci, au mieux, reportées, voire annulées. Leur existence est menacée. Mais on voit également que des structures qui semblaient solides, et étaient plutôt vertueuses, avec un modèle économique reposant sur leurs recettes propres, sont très affectées. Elles perdent toutes leurs recettes de billetterie, les revenus des locations de leurs espaces, de la restauration … Ce sont des pertes sèches qui remettent en question leur équilibre budgétaire construit sur l’autofinancement.
Quel semble être le modèle le plus pérenne ?
Celui des structures labellisées type Frac, Centres d’art, qui font l’objet de conventions de partenariat souvent triennales avec l’État, les régions, les villes. Ces structures ne sont pas en danger immédiat. Elles voient leur programmation bousculée mais pas leur budget, pour autant que les collectivités maintiennent leurs subventions. Ce qui est le cas sur l’exercice 2020.
D’où l’importance du rôle que les Frac ont à jouer auprès des artistes ?
C’est là que l’on doit en effet être au rendez-vous. Il faut identifier les mesures à prendre d’urgence. Ce qui ressort des échanges avec les artistes, c’est la nécessité d’effectuer des acquisitions, afin de générer des flux financiers. Le deuxième volet, ce sont les aides à la production, dans une perspective de projet qui ouvre un horizon. Le troisième levier doit consister à mettre en place une aide sociale, pour le paiement des charges, des loyers : certains bailleurs privés et publics agissent dans ce sens.
Si on devait retenir un point positif ?
Beaucoup de régions se mobilisent mais on ne le voit pas encore du fait des lenteurs administratives. Les validations par les élus prennent du temps. Ces contributions fortes seront davantage visibles entre mai et juin. Il y a une petite prise de conscience également du fait que la culture ce n’est pas seulement le spectacle vivant et l’audiovisuel. Il n’y a pas que les grands festivals, il y a aussi des milliers d’artistes et de gens qui travaillent sur l’attractivité de notre territoire. On entend beaucoup parler des grands musées parisiens, des grands théâtres. Les arts plastiques et la cartographie de leurs lieux modestes sont totalement passés sous silence. La question des intermittents du spectacle ne doit pas faire oublier les dizaines de métiers indépendants, artistes auteurs, restaurateurs, commissaires, conservateurs, médiateurs … privés de revenus en ce moment.
Ce qui vous semble le plus inquiétant ?
Outre la précarité des artistes-auteurs, sujet débattu depuis des années, c’est le fait que la totalité de l’écosystème est touché. De la microstructure à la plus importante, la remise en cause est globale.
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Pascal Neveux : « Les structures labellisées ne sont pas en danger immédiat »
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