Influences. Si la France pratique depuis bien longtemps le soft power dans le domaine artistique, elle actionne essentiellement la diplomatie culturelle qui n’en est qu’une des composantes.
Les « saisons » ou « années croisées », si appréciées de Jacques Chirac, en sont les manifestations les plus connues du grand public. Emmanuel Macron a, lui aussi, compris tout l’intérêt du levier culturel dans les relations entre États. Lorsqu’il reçoit ses hôtes étrangers, c’est à Versailles qu’il le fait, conscient du prestige de ces lieux desquels émane une image de gloire et de puissance. Lorsqu’il va en Angleterre, il promet de prêter la Tapisserie de Bayeux chargée d’une forte symbolique pour nos amis anglais. En visite récente en Chine, il reprend à son compte l’annonce de l’ouverture d’un Centre Pompidou à Shanghaï que le Journal des Arts avait révélée il y a plusieurs semaines. Et comme le président a beaucoup de chances, c’est lui qui inaugure Le Louvre Abou Dhabi, entrepris sous la présidence Chirac.
Mais le marché est bien plus efficace pour gagner les cœurs et les âmes que la diplomatie, toujours suspecte de propagande. Le livre, le cinéma ou la musique s’exportent depuis bien longtemps. Quand les films Intouchables ou Le fabuleux destin d’Amélie Poulain sont vus par respectivement 32 millions et 23 millions de spectateurs, c’est une certaine image de la France qui s’installe dans l’imaginaire d’autant d’étrangers. Les arts plastiques n’ont pas ce privilège et bien peu d’artistes contemporains de la scène française sont des stars internationales. Il est vrai que plus que dans d’autres domaines, l’art contemporain a tendance à gommer les nationalités.
Le soft power commercial se tourne donc vers les peintres et sculpteurs français du passé, qui figurent tout en haut du panthéon de l’histoire de l’art : le classicisme de Poussin, le XVIIIe frivole, les impressionnistes, l’école de Paris (qui regroupe pourtant une majorité d’étrangers !)… L’enquête que nous publions dans ce numéro montre bien la multiplication des expositions produites par des musées français qui « tournent » à l’étranger. Le Musée d’Orsay pratique l’exercice avec succès, fort de ses trésors – Monet, Sisley ou Cézanne – qui incarnent si bien une certaine France. D’autres suivent et c’est heureux. Cela reste insuffisant face aux décennies de films et séries américains qui font que la jeune génération connaît souvent mieux les rues de New York ou de San Francisco que celles de Nantes ou Lyon, mais c’est déjà cela.
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Soft power culturel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : Soft power culturel