FRANCE
Marché de l’art. Comment se fait-il que la France qui a « inventé » le mobilier XVIIIe, le Salon, l’art académique, l’impressionnisme et le postimpressionnisme, l’Art nouveau et l’Art déco, n’organise pas les plus grands salons d’antiquaires dans le monde ?
Comment se fait-il que la France, creuset de l’art moderne, découvreuse des arts premiers, siège des plus grandes maisons de mode et de luxe, ait laissé Tefaf, la foire de Maastricht (Maastricht !), et maintenant la Brafa de Bruxelles supplanter nos foires ? Comment se fait-il que la France, plus grand grenier du monde dans ces spécialités, exporte ses trésors via les maisons d’enchères anglo-saxonnes au lieu de les disperser dans des salons ?
La faute en revient à la Biennale des antiquaires qui, au tournant du siècle dernier, dominatrice et imbue d’elle-même, n’a pas compris que, dans un monde en perpétuel mouvement, il faut anticiper les changements de goût et de mode d’achat des objets d’art.
Minée par les dissensions à l’intérieur du syndicat qui l’organise, anesthésiée par des recettes certes déclinantes mais toujours prospères, incapable de mener une réflexion stratégique et de se professionnaliser, elle a laissé le champ libre à ses concurrentes à l’étranger tout en se faisant grignoter en France par des manifestations spécialisées (Salon du dessin, Fine Arts Paris…).
Tout aussi paradoxalement, alors que Paris n’est pas la capitale de l’art contemporain, elle accueille de nombreuses foires d’art contemporain (la Fiac, Art Paris…) parmi les plus importantes sur le marché mondial. Quel contraste d’ailleurs entre l’effervescence dans et autour de ces événements, et le vide et la langueur qui hantent la Biennale et Fine Art Paris, en dépit d’une scénographie avantageuse et d’une offre souvent de qualité…
Ces deux salons sont à un tournant. À eux de s’unir et de bâtir une nouvelle manifestation commune qui associe à parts égales arts décoratifs, art ancien et art contemporain. Ce mélange des genres est aujourd’hui ce que demandent de nombreux acheteurs, en particulier les nouveaux collectionneurs ; une foire Frieze Masters qui donnerait plus de place à l’art ancien, en quelque sorte. La modicité de nos salons d’art ancien n’est pas une fatalité, la France a tous les atouts, à commencer par son tissu de galeries et antiquaires, pour reprendre la première place dans ce domaine.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Salon d’antiquaires, le paradoxe français
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°579 du 10 décembre 2021, avec le titre suivant : Salon d’antiquaires, le paradoxe français