Ventes aux enchères

Les coulisses des ventes aux enchères

Par La Rédaction · L'ŒIL

Le 28 mai 2024 - 441 mots

Le film de Pascal Bonitzer, dont L’Œil du mois de mai avait fait la critique, réalise un honorable parcours en salles.

Servi par un casting très « bankable » (Alex Lutz, Léa Drucker), Le Tableau volé séduit aussi par l’image flatteuse des grandes ventes aux enchères que les médias relaient abondamment et qui n’avaient jamais été le sujet principal d’un film de cinéma. Le réalisateur a su habilement ajouter des histoires secondaires pour étoffer une intrigue somme toute banale pour les habitués du marché de l’art. Parfois en caricaturant les personnages et situations : les salaires des spécialistes de Sotheby’s et Christie’s ne leur permettent pas d’avoir le même train de vie que le commissaire-priseur du film, qui malgré ses émoluments et son expérience se fait berner comme un débutant par un acheteur potentiel du tableau d’Egon Schiele volé par les nazis, lequel déprécie l’œuvre pour essayer d’en obtenir un bon prix en vente de gré à gré.

Pour Ajouter Une Péripétie De Plus  à l’intrigue, Pascal Bonitzer aurait pu s’inspirer d’un autre fait réel qui vient d’arriver à Christie’s. Le site internet de la maison de ventes de la famille Pinault a été victime d’une cyberattaque empêchant les acheteurs d’enchérir en ligne, et les obligeant à revenir au « monde d’avant » : par téléphone ou en salle. Et cela quelques jours avant les plus importantes ventes de l’année à New York. L’auctioneer n’a pas indiqué si les précieuses données sur les collectionneurs avaient été piratées. L’an dernier, déjà, la presse américaine avait révélé que les photos d’œuvres envoyées par les clients n’étaient pas cryptées une fois sur le site de Christie’s, de sorte que tout un chacun pouvait lire les métadonnées et connaître le lieu de prise de vue et donc probablement l’adresse des propriétaires.

Ces Vacations Printanières Ànew York qui font une bonne part du chiffre d’affaires des grandes maisons de ventes n’ont pas été époustouflantes cette année. La presse s’est empressée de titrer sur les 32 millions d’euros obtenus pour un tableau de Monet, omettant de mentionner qu’un tableau de Brice Marden, estimé entre 27 et 46 millions d’euros, avait été retiré de la vente faute d’enchérisseur préalable. Contrairement à la plupart des lots dans les grandes ventes qui sont prévendus, le tableau n’était pas garanti ou l’était à un niveau trop bas. Cette pratique dans les coulisses est moins flamboyante que les batailles d’enchères comme celle à laquelle on assiste dans le film de Bonitzer, et qui participent à la mythologie des ventes publiques. Reste que, comme le dit une vendeuse d’un certain âge au début du film : « Un commissaire-priseur c’est comme un chirurgien esthétique, il faut lui faire confiance. »

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°776 du 1 juin 2024, avec le titre suivant : Les coulisses des ventes aux enchères

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